Parvenir à construire sa maison c’est bien, mais c’est encore mieux d’édifier de manière à assurer la pérennité de la construction. Pourtant, les particuliers lancent souvent leurs projets d’aménagement et de construction sans faire une étude géotechnique au préalable.
Nous avons déjà vu des milliers d’images de bâtiments malencontreusement frappés par de petites secousses sismiques. D’autres édifices se sont enfoncés de plusieurs dizaines de centimètres en quelques années ou se sont brusquement effondrés.
Face à de tels constats, ne serait-il pas préférable qu’aussi bien les particuliers que les professionnels fassent étudier leur sol avant de faire construire ? Et si c’est le cas, quels sont les terrains qui nécessitent le plus une étude géotechnique ?
Qu’est-ce que la géotechnique ?
La géotechnique (ou étude de sol) est la science qui s’appuie sur l’étude de la faisabilité des projets de construction et d’aménagement. Cette étude est réalisée par rapport aux caractéristiques du sous-sol du site d’implantation envisagé pour l’édification. Le but est alors de prévenir les risques naturels susceptibles de fragiliser la solidité de la construction et les bâtiments alentour.
Concrètement, une étude de sol est un ensemble d’opérations consistant à :
- analyser la répartition des formations géologiques et leur influence sur l’exécution des travaux ;
- identifier les risques naturels existants, notamment par la détection des cavités, des remblais et des défauts de stabilité ;
- étudier l’impact de la circulation des eaux souterraines sur le béton ;
- étudier l’impact du projet sur le sol (stabilité des constructions alentours, nuisances liées aux travaux futurs, etc.) ;
- définir les cadres géologiques, hydrogéologiques et topographiques dans lesquels le projet devra être exécuté sur le site ;
- etc.
En quoi consiste la mission du géotechnicien ?
La mission d’un géotechnicien s’effectue généralement en deux grandes phases : la phase d’investigation et la phase d’ingénierie.
La phase d’investigation
Dans le cadre de sa mission, le géotechnicien va dans un premier temps réaliser une investigation sur le site en question. Il recueille, pour ses analyses, des informations sur des éléments tels que :
- l’homogénéité ou l’hétérogénéité du sous-sol ;
- les caractéristiques géomécaniques de chacune des formations du sous-sol.
Ces informations peuvent être obtenues par reconnaissance géologique visuelle, ou par des essais mécaniques sur place (sondage par forage carotté, sondage par forage destructif, sondage au pénétromètre, etc.). Celles-ci s’acquièrent aussi par des essais en laboratoire après prélèvement de matériaux sur le site d’implantation envisagé, etc.
La phase d’ingénierie
Après la première phase de recueillement d’informations techniques sur le sous-sol vient la phase d’ingénierie. Il s’agit de la deuxième phase de la mission du géotechnicien. Celle-ci consistera à réaliser la synthèse et la modélisation des données récoltées. La modélisation des informations permet une interprétation facile de l’aspect du projet sur le site envisagé.
À l’issue de ces deux phases, le géotechnicien vous proposera le cadre dans lequel vous devrez faire réaliser votre aménagement. Celui-ci se présentera sous forme de rapport avec des précisions sur les meilleures solutions techniques sécuritaires.
Il convient toutefois de rappeler qu’un géotechnicien n’intervient pas uniquement au démarrage des projets de construction ou d’aménagement. Selon la norme NF P 94-500 qui définit le cadre réglementaire de travail des géotechniciens, ces professionnels peuvent s’occuper de :
- l’étude géotechnique préalable ;
- l’étude géotechnique de conception ;
- l’étude et le suivi géotechnique d’exécution ;
- la supervision géotechnique d’exécution ;
- le diagnostic géotechnique.
Notez ainsi que, même si on ne fait souvent appel au géotechnicien qu’au démarrage des projets, celui-ci peut également adapter son intervention. Cet ajustement s’effectue au niveau de l’avancement du projet et de son ampleur en fonction des objectifs que vous avez fixés.
Quels sont les intérêts d’une étude géotechnique ?
Il serait une erreur grave que de croire qu’il existe un modèle d’étude de sol ou de système de fondation que vous pourrez adopter ou adapter à votre projet. Chaque projet de construction possède en effet des caractéristiques qui lui sont propres. Parmi ces particularités, vous pouvez distinguer :
- le nombre d’étages,
- le poids moyen de la maison,
- le type de toiture,
- les planchers,
- la cohérence de la structure en béton armé avec le sol,
- etc.
Il vous faut donc demander une étude géotechnique spécifiquement adaptée à votre projet. Vous saurez ainsi exactement quel type de fondation et de structure privilégier pour que votre bâtiment ne se fissure, ne s’enfonce ou ne s’écroule pas après quelques années. Vous serez alors rassuré quant à la pérennité de votre construction.
Mais quand faut-il réaliser une étude de sol ? Le moment idéal, c’est lors de l’acquisition de votre parcelle. En effet, après son étude, le géotechnicien vous donnera les diverses possibilités d’implantation qui s’offrent à vous, compte tenu de la nature du sous-sol. Vous allez donc développer votre projet sur cette base.
Si vous attendez d’avoir lancé l’exécution du projet, il est possible que l’entreprise constructrice détecte de mauvaises conditions de sol tardivement. Vous devrez alors prévoir un budget plus conséquent pour corriger les problèmes sécuritaires identifiés.
Dans les cas extrêmes, vous pouvez être obligé de procéder à un changement de projet, ce qui sera encore plus pénible. Ainsi, si vous voulez éviter une étude géotechnique à cause du coût de l’opération, sachez que négliger une telle étape n’est pas recommandé. Cela peut vous coûter beaucoup plus cher à l’avenir.
Pour quels projets faut-il procéder à une étude géotechnique ?
Il est vrai que des murs fissurés sur votre site de construction peuvent vous faire connaître l’état de la structure et la compacité de votre sous-sol. Toutefois, toutes les anomalies ne se détectent pas toujours à l’œil nu. Les sous-sols peuvent révéler divers problèmes, dont les plus courants sont :
- des argiles sensibles aux variations climatiques ou des sols mous ;
- des vides, des galeries et des carrières ;
- des inondations ou des arrivées d’eaux issues des rejets pluviaux ou des nappes phréatiques ;
- des pollutions criardes qui peuvent attaquer le béton (dans le cas des vieilles décharges par exemple) ;
- un potentiel sismique.
Si votre parcelle se trouve dans une zone où les terrains présentent l’une de ces caractéristiques, il est important de connaître au préalable la formation du sous-sol. Cela doit se faire avant de commencer vos travaux de construction. Ainsi, vous aurez la possibilité de prendre les mesures nécessaires pour que vos fondations et votre bâtiment en général puissent résister aux éventuels risques.