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Garage Enterré ou Semi-Enterré : Quelle Autorisation d’Urbanisme ?

Garage Enterré ou Semi-Enterré : Quelle Autorisation Demander ?

Temps de lecture : 12 minutes

Vous manquez de place pour votre voiture mais votre terrain ne permet pas de construire un garage classique ? Le garage enterré ou semi-enterré est une solution astucieuse : invisible ou presque depuis la rue, il libère l'espace du jardin tout en protégeant votre véhicule. Mais attention : même sous terre, un garage nécessite une autorisation d'urbanisme. L'emprise au sol, la hauteur visible et les règles du PLU déterminent si une déclaration préalable suffit ou si un permis de construire s'impose. Cet article vous explique les règles applicables, les spécificités techniques à anticiper, et comment monter un dossier solide pour votre stationnement couvert enterré.

Sommaire

Qu'est-ce qu'un garage enterré ?

Les différents types de garages enterrés

Le garage enterré est une construction dont l'intégralité du volume se situe sous le niveau du terrain naturel. Seule l'entrée (rampe d'accès ou porte) est visible depuis l'extérieur. C'est la solution la plus discrète mais aussi la plus coûteuse en termes de terrassement et d'étanchéité.

Le garage semi-enterré est partiellement enfoui : généralement la moitié de sa hauteur se situe sous le niveau du sol, l'autre moitié dépassant. Cette configuration est fréquente sur les terrains en pente, où le garage s'intègre naturellement dans le relief.

Le garage en sous-sol d'une maison est souvent considéré comme partie intégrante de la construction principale. S'il est créé lors de la construction de la maison, il est inclus dans le permis de construire initial. S'il est ajouté ultérieurement, c'est une extension.

Emprise au sol et surface de plancher

Deux notions clés déterminent l'autorisation requise :

L'emprise au sol (article R420-1 du Code de l'urbanisme) correspond à la projection verticale du volume de la construction au sol. Pour un garage enterré, l'emprise au sol est nulle si la dalle de couverture est au niveau du terrain naturel et non surélevée. Mais si une partie émerge (mur de soutènement, rampe d'accès maçonnée), cette partie compte dans l'emprise au sol.

La surface de plancher d'un garage est généralement exclue du calcul si le garage n'est pas clos et couvert ou s'il est une annexe à usage de stationnement. Vérifiez la question : le garage compte-t-il dans la surface de plancher ? La réponse dépend de la configuration exacte.

Le cadre légal

L'article R421-9 du Code de l'urbanisme définit les seuils de déclaration préalable. L'article R421-1 fixe les seuils du permis de construire. Pour un garage, les règles sont les suivantes :

Emprise au sol Autorisation requise
≤ 5 m² Aucune formalité (hors secteur protégé)
5 à 20 m² Déclaration préalable
> 20 m² Permis de construire

En zone U avec PLU, le seuil de déclaration préalable est relevé à 40 m² pour les constructions accolées à un bâtiment existant. Un garage simple de 15 m² relève de la déclaration préalable partout. Un garage double de 30 m² nécessite un permis de construire hors zone U avec PLU, mais une simple DP en zone U.

L'autorisation selon l'emprise au sol

La déclaration préalable (5-20 m²)

Pour un garage enterré ou semi-enterré dont l'emprise au sol est comprise entre 5 et 20 m², une déclaration préalable suffit. Le dossier comprend :

Le plan de masse coté doit indiquer les distances aux limites séparatives. Pour un garage enterré, la distance se mesure depuis le bord de la construction, y compris les murs de soutènement.

Le délai d'instruction est de 1 mois (2 mois si ABF). À défaut de réponse, la non-opposition est tacite.

Le permis de construire (> 20 m²)

Au-delà de 20 m² d'emprise au sol (ou 40 m² en zone U PLU si accolé), un permis de construire est requis. Le dossier est plus complet :

  • PCMI1 : Plan de situation
  • PCMI2 : Plan de masse pour permis de construire
  • PCMI3 : Plan de coupe du terrain et du garage
  • PCMI4 : Notice descriptive des travaux
  • PCMI5 : Plan de façade et de toiture
  • PCMI6 : Document graphique d'insertion
  • PCMI7/PCMI8 : Photographies

Pour produire ces documents, un logiciel de plan de masse peut être utile. Des exemples de plans de masse annotés vous aideront à comprendre les conventions.

Le délai d'instruction est de 2 mois pour une maison individuelle et ses annexes.

Question de l'architecte : pour un garage seul (sans autre construction), le recours à un architecte n'est pas obligatoire quelle que soit la surface. L'obligation d'architecte s'applique uniquement si la surface totale (maison + garage) dépasse 150 m² après travaux et qu'il s'agit d'un permis de construire.

Les spécificités du garage enterré dans le dossier

Le garage enterré présente des particularités à prendre en compte :

Plan de coupe obligatoire : le plan de coupe (DP3 ou PCMI3) est indispensable pour montrer le niveau d'enfouissement, la rampe d'accès, le drainage et l'étanchéité.

Gestion des eaux : un garage enterré nécessite un système de drainage et d'évacuation des eaux d'infiltration. Le dossier doit montrer comment les eaux pluviales de la rampe sont gérées (puisard, pompe de relevage).

Ventilation : le garage doit être ventilé pour évacuer les gaz d'échappement. Prévoyez des grilles de ventilation et indiquez-les sur les plans.

Le cas du garage sous la maison existante

Si vous creusez un garage sous votre maison existante, les travaux constituent une extension en sous-sol. L'autorisation dépend de la surface créée :

  • Surface ≤ 20 m² (hors zone U) ou ≤ 40 m² (zone U) : déclaration préalable
  • Surface > 20 m² ou > 40 m² : permis de construire

Cette opération complexe nécessite une étude de structure (le bâtiment existant doit supporter l'excavation) et l'intervention d'un géomètre pour le relevé précis des fondations.

Cas pratiques de garages enterrés

Exemple 1 : Garage simple enterré de 15 m²

Situation : M. Martin possède une maison sur un terrain plat de 600 m² en zone UB. Il souhaite construire un garage enterré de 15 m² avec rampe d'accès dans l'angle de son jardin.

Analyse : 15 m² = déclaration préalable suffisante. Zone U avec PLU → seuil relevé à 40 m², mais 15 m² reste sous le premier seuil de 20 m², donc DP dans tous les cas.

Démarches :

  1. Dépôt de la déclaration préalable avec plan de coupe détaillé
  2. Instruction : 1 mois, non-opposition
  3. Affichage du panneau sur le terrain pendant 2 mois
  4. Travaux : terrassement, béton, étanchéité, porte basculante

Coût : terrassement (3 500 €), gros œuvre béton armé (12 000 €), étanchéité (2 500 €), porte motorisée (1 800 €), rampe bétonnée (3 000 €). Total : environ 23 000 €.

Ce garage enterré reviendra plus cher qu'un abri voiture en surface, mais il libère l'espace du jardin et augmente la valeur du bien.

Exemple 2 : Garage double semi-enterré sur terrain en pente

Situation : Mme Dupont a une maison sur un terrain en pente de 800 m². Elle veut construire un garage de 35 m² (2 voitures) intégré dans la pente, accessible depuis la partie basse du terrain.

Analyse : 35 m² > 20 m² → permis de construire en principe. Mais en zone U avec PLU, si le garage est accolé à la maison, le seuil est de 40 m². Si le garage est indépendant, il faut un PC.

Configuration retenue : garage indépendant → permis de construire requis.

Particularité : le garage semi-enterré s'intègre dans la pente. La partie visible (façade avec porte) représente 2,50 m de hauteur. Le reste est enterré dans le talus.

Coût : terrassement important (6 000 €), mur de soutènement et structure (25 000 €), toiture-terrasse végétalisée (8 000 €), deux portes sectionnelles (3 500 €). Total : environ 42 500 €.

Exemple 3 : Transformation d'une cave en garage

Situation : Une maison ancienne dispose d'une cave de 25 m² sous le jardin, accessible par un escalier intérieur. Le propriétaire souhaite créer un accès véhicule et transformer la cave en garage.

Analyse : La cave existe déjà (pas de création de surface). Les travaux consistent à :

  • Créer une ouverture dans le mur de soutènement (modification de façade)
  • Construire une rampe d'accès

Ces travaux modifient l'aspect extérieur → déclaration préalable au minimum. La création de la rampe crée une emprise au sol → comptabiliser cette surface.

Résultat : déclaration préalable pour modification de façade et création de la rampe (15 m² d'emprise).

Attention : transformer un garage en pièce à vivre est l'opération inverse et nécessite également une autorisation (changement de destination).

Erreurs à éviter

Erreur 1 : Construire un garage sans déclaration

Même un petit box enterré de 10 m² nécessite une déclaration préalable dès qu'il dépasse 5 m². Un garage non déclaré doit être régularisé : dépôt d'une déclaration préalable ou d'un permis a posteriori, avec risque de refus si le projet ne respecte pas les règles actuelles du PLU.

Les sanctions pour construction sans autorisation peuvent atteindre 6 000 € par m², soit 150 000 € pour un garage de 25 m². La prescription pénale est de 6 ans, mais l'action civile peut être engagée pendant 10 ans.

Erreur 2 : Négliger les règles de distance

Le PLU fixe généralement des distances minimales par rapport aux limites séparatives. Pour un garage, la règle est souvent :

  • Implantation en limite autorisée (0 m) si hauteur ≤ 3 m
  • Retrait de H/2 (demi-hauteur) ou 3 m minimum sinon

Un garage enterré dont seule la rampe émerge peut être implanté plus près des limites. Mais si le mur de soutènement dépasse 2 m de hauteur, il peut être assimilé à un mur de clôture et soumis à déclaration séparée.

Erreur 3 : Oublier la gestion des eaux

Un garage enterré collecte les eaux de ruissellement de la rampe. Sans système d'évacuation adapté, l'eau s'accumule et inonde le garage. Prévoir impérativement :

  • Une pente de la rampe vers l'extérieur OU un caniveau avec pompe de relevage
  • Un drainage périphérique
  • Une étanchéité soignée des murs et du radier

Erreur 4 : Sous-estimer le coût

Un garage enterré coûte 2 à 3 fois plus cher qu'un garage en surface de même surface. Le terrassement, l'étanchéité, le drainage et la rampe d'accès sont des postes importants. Ne vous lancez pas sans devis détaillé.

Type de garage Coût moyen au m²
Carport simple 150-300 €/m²
Garage en surface 400-600 €/m²
Garage semi-enterré 700-1 000 €/m²
Garage enterré 900-1 400 €/m²

Erreur 5 : Ignorer les contraintes de sol

Un garage enterré nécessite une étude de sol préalable si le terrain est argileux, humide ou instable. Les nappes phréatiques hautes peuvent rendre l'étanchéité très complexe et coûteuse. Une étude géotechnique G1 (200-500 €) permet d'anticiper ces problèmes.

Si vous envisagez de construire au-dessus de votre garage, les fondations doivent être dimensionnées en conséquence dès la construction initiale.

Questions fréquentes

Faut-il un permis pour un garage enterré ?

Un garage enterré nécessite une déclaration préalable si son emprise au sol est comprise entre 5 et 20 m², et un permis de construire au-delà de 20 m² (ou 40 m² en zone U avec PLU pour une construction accolée). Même si le garage est totalement invisible depuis la surface, l'autorisation est obligatoire. Les travaux sans autorisation exposent à des amendes pouvant atteindre 6 000 € par m² et à l'obligation de démolition.

Un garage enterré compte-t-il dans la surface de plancher ?

Le garage enterré ne compte généralement pas dans la surface de plancher s'il est affecté au stationnement des véhicules (article R111-22 du Code de l'urbanisme). Cependant, il compte dans l'emprise au sol pour la partie qui projette au sol (murs de soutènement, rampe maçonnée). Cette distinction est importante car les seuils d'autorisation sont calculés sur l'emprise au sol. Pour plus de détails, consultez notre article sur le calcul de surface de plancher du garage.

Combien coûte un garage enterré ?

Un garage enterré coûte en moyenne 900 à 1 400 € par m², soit 13 500 à 28 000 € pour un garage simple de 15 m². Ce prix comprend le terrassement, la structure en béton armé, l'étanchéité, la rampe d'accès et la porte. Pour un garage double de 30 m², comptez 27 000 à 42 000 €. À comparer avec un garage en surface (400-600 €/m²) ou un carport (150-300 €/m²). Le surcoût se justifie par le gain d'espace et l'intégration paysagère.

Peut-on construire un garage en limite de propriété ?

Le PLU définit les règles d'implantation. Généralement, un garage peut être implanté en limite séparative (0 m) si sa hauteur ne dépasse pas 3 à 4 m selon les communes. Pour un garage enterré, seuls les éléments émergents (mur de soutènement, porte) sont concernés par cette règle. Si le mur de soutènement dépasse 2 m, il peut être assimilé à une clôture et soumis aux règles de hauteur de clôture. Vérifiez l'article 7 du règlement de zone de votre PLU.

Quelle pente pour la rampe d’accès d’un garage enterré ?

La pente maximale recommandée pour une rampe de garage est de 15 à 18 % (15 à 18 cm de dénivelé par mètre linéaire). Au-delà, le véhicule risque de frotter à l'entrée ou à la sortie. Pour une voiture standard avec garde au sol de 15 cm, ne dépassez pas 20 %. Les SUV tolèrent des pentes plus fortes. Prévoyez un rayon de raccordement en bas de rampe (transition douce) pour éviter que le pare-chocs ne touche le sol.

Quelle différence entre carport et garage enterré ?

Le carport est un abri voiture ouvert sur au moins un côté, constitué de poteaux et d'une toiture. Le garage enterré est une construction fermée, totalement ou partiellement enfouie sous le niveau du sol. Le carport coûte 3 à 5 fois moins cher mais offre une protection moindre (pas de sécurité contre le vol, exposition aux intempéries latérales). Le garage enterré est invisible et libère l'espace du jardin, mais implique des travaux lourds. Les deux nécessitent une autorisation selon leur emprise au sol.

Conclusion

Le garage enterré ou semi-enterré est une solution élégante pour préserver votre jardin tout en protégeant votre véhicule. Côté réglementation, les règles sont les mêmes que pour un garage classique : déclaration préalable entre 5 et 20 m² d'emprise au sol, permis de construire au-delà.

Les spécificités techniques — terrassement, étanchéité, drainage, pente de la rampe — exigent une conception soignée et des entreprises qualifiées. Le surcoût par rapport à un garage en surface (×2 à ×3) se justifie si l'espace libéré au sol a de la valeur pour vous.

Avant de vous lancer, consultez le PLU pour vérifier les règles d'implantation, demandez une étude de sol si le terrain est humide, et obtenez plusieurs devis détaillés. Un projet bien préparé évitera les mauvaises surprises.

Et si votre garage actuel vous semble sous-exploité, pensez à la transformation en pièce habitable — une autre option pour gagner de l'espace, cette fois au-dessus du sol.


Sources : Legifrance (Code de l'urbanisme articles R421-1, R421-9, R420-1), Service-public.fr