DP10 et DP10-1 : Les Plans Cotés Obligatoires pour Diviser un Terrain
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Vous souhaitez diviser votre terrain pour créer un nouveau lot constructible ? La pièce DP10 sera probablement requise dans votre dossier. Ce plan coté en trois dimensions constitue la pierre angulaire de toute déclaration préalable de division parcellaire. Sans lui, impossible de démontrer la faisabilité de votre projet à l'administration. Mais attention : dans certains cas, vous devrez également fournir la pièce DP10-1, une attestation spécifique aux terrains issus de lotissements. Ces documents techniques effraient souvent les particuliers. Pourtant, avec les bonnes informations, ils deviennent parfaitement accessibles. Voici tout ce que vous devez savoir pour constituer un dossier complet et éviter les demandes de pièces complémentaires qui rallongent les délais.
Sommaire
- Qu'est-ce que la pièce DP10 ?
- Quand le DP10 est-il obligatoire ?
- Contenu détaillé du plan DP10
- La pièce DP10-1 : attestation du lotisseur
- Comment réaliser votre plan DP10
- Cas pratiques et exemples
- Erreurs à éviter
- Questions fréquentes
Qu'est-ce que la pièce DP10 ?
Définition officielle
La pièce DP10 est un plan coté en trois dimensions exigé pour les déclarations préalables de division de terrain. Ce document graphique doit faire apparaître les divisions projetées avec une précision qui permette à l'instructeur de comprendre exactement votre projet.
Contrairement au simple plan de masse d'une construction, le DP10 se concentre sur la configuration foncière : limites actuelles du terrain, tracé des nouvelles limites entre les lots créés, et altimétrie du terrain naturel.
Cadre réglementaire
Le DP10 est prévu par l'article R431-36 du Code de l'urbanisme qui encadre les déclarations préalables de division. Son exigence découle directement des articles R421-9 à R421-12 relatifs aux travaux soumis à déclaration préalable.
La division parcellaire relève de la déclaration préalable lorsque :
- Elle n'entre pas dans le cadre d'un lotissement soumis à permis d'aménager
- Elle ne crée pas de voies, d'espaces ou d'équipements communs
- Le terrain n'est pas situé dans un périmètre de protection patrimoniale nécessitant des prescriptions spéciales
Ce que le DP10 doit montrer
Le plan DP10 doit contenir trois catégories d'informations essentielles :
Les limites existantes : le périmètre actuel de votre propriété avec ses cotes précises (longueur de chaque côté), les bornages existants, et les références cadastrales.
Les divisions projetées : le tracé exact des nouvelles limites séparant les lots, avec toutes les cotes nécessaires pour comprendre la superficie de chaque lot créé.
L'altimétrie : les cotes de niveau du terrain naturel (NGF ou relatives), particulièrement importantes en terrain pentu pour démontrer la constructibilité des lots.
Quand le DP10 est-il obligatoire ?
Cas d'obligation systématique
La pièce DP10 est requise dès que votre déclaration préalable porte sur une division foncière créant un ou plusieurs lots destinés à recevoir une construction. Concrètement :
| Situation | DP10 requis ? |
|---|---|
| Division d'un terrain en 2 lots constructibles | ✅ Oui |
| Division créant un lot jardin non constructible | ❌ Non |
| Détachement d'un lot déjà bâti | ✅ Oui |
| Division sans création de voie commune | ✅ Oui |
| Division avec voie commune (lotissement) | Permis d'aménager requis |
Distinction avec le DP2
Ne confondez pas le DP10 avec le DP2. Le DP2 est le plan de masse coté exigé lorsque votre projet crée une construction ou modifie l'emprise au sol d'un bâtiment existant. Le DP10 concerne exclusivement les divisions de terrain.
Toutefois, si votre déclaration préalable porte à la fois sur une division ET sur une construction (par exemple, vous divisez votre terrain et construisez un abri de jardin sur le lot conservé), vous devrez fournir les deux pièces.
Zones particulières
En secteur ABF (abords de monuments historiques, sites inscrits), le délai d'instruction passe de 1 à 2 mois. La qualité du DP10 devient alors cruciale car l'Architecte des Bâtiments de France examinera la cohérence de la division avec le contexte patrimonial.
En zone agricole ou naturelle du PLU, la division peut être refusée si elle compromet l'activité agricole ou la préservation de l'environnement. Votre DP10 devra alors démontrer que les lots créés respectent les superficies minimales fixées par le règlement.
Contenu détaillé du plan DP10
L'échelle appropriée
Le DP10 doit être établi à une échelle permettant une lecture claire des cotes. Les échelles recommandées sont :
- 1/200 pour les terrains de moins de 2 000 m²
- 1/500 pour les terrains de 2 000 à 10 000 m²
- 1/1000 pour les grandes parcelles
L'échelle doit être indiquée sur le plan et accompagnée d'une barre d'échelle graphique pour permettre les mesures même après reproduction.
Les cotes obligatoires
Votre plan DP10 doit comporter des cotes en trois dimensions :
Cotes horizontales (planimétriques) :
- Longueur de chaque côté des limites existantes
- Longueur de chaque nouvelle limite créée
- Distances entre les limites et les constructions existantes
- Largeur de l'accès au lot enclavé si création d'une servitude de passage
Cotes verticales (altimétriques) :
- Niveau du terrain naturel aux angles de chaque lot
- Points hauts et points bas du terrain
- Cotes rattachées au NGF (nivellement général de la France) ou relatives à un point de référence fixe
Surfaces :
- Surface totale du terrain avant division
- Surface de chaque lot créé après division
- Calcul démontrant la concordance des surfaces
Les éléments complémentaires
Un bon plan DP10 comprend également :
- L'orientation (flèche Nord)
- Les références cadastrales de la parcelle mère
- Les numéros provisoires attribués aux nouveaux lots
- Les constructions existantes avec leur emprise
- Les accès existants et projetés depuis la voie publique
- Les réseaux identifiés (eau, électricité, assainissement)
- Un cartouche avec vos coordonnées, la date et l'échelle
Pour compléter votre dossier, vous trouverez des modèles dans nos exemples de plan de masse annotés.
La pièce DP10-1 : attestation du lotisseur
Une pièce spécifique aux lotissements
La pièce DP10-1 est une attestation de l'accord du lotisseur requise dans un cas précis : lorsque vous souhaitez subdiviser un lot provenant d'un lotissement lui-même soumis à permis d'aménager.
Cette exigence vise à garantir que la nouvelle division :
- Respecte le règlement du lotissement d'origine
- N'augmente pas le nombre de lots au-delà de ce qui était autorisé
- Ne compromet pas les équipements communs dimensionnés pour un certain nombre de lots
Quand la DP10-1 est-elle exigée ?
| Situation | DP10-1 requise ? |
|---|---|
| Lot issu d'un lotissement avec permis d'aménager | ✅ Oui |
| Lot issu d'un lotissement déclaratif (simple DP) | ❌ Non |
| Terrain jamais loti | ❌ Non |
| Lotissement de plus de 10 ans | Vérifier les clauses |
La durée de validité des règles du lotissement dépend de son ancienneté. Après 10 ans, sauf mention contraire dans le règlement, les règles deviennent caduques et la DP10-1 n'est plus nécessaire.
Contenu de l'attestation
L'attestation DP10-1 doit émaner du lotisseur (le promoteur ou le propriétaire initial qui a créé le lotissement) ou de l'Association Syndicale Libre (ASL) si elle existe. Elle doit mentionner :
- L'identification du lotissement (nom, commune, référence du permis d'aménager)
- L'identification du lot concerné par la subdivision
- L'accord explicite sur la division projetée
- La signature du lotisseur ou du représentant de l'ASL
- La date de l'attestation
En pratique, obtenir cette attestation peut s'avérer complexe si le lotisseur a disparu ou si l'ASL est inactive. Dans ce cas, une recherche aux archives de la mairie ou de la préfecture peut s'imposer.
Comment réaliser votre plan DP10
Option 1 : faire appel à un géomètre-expert
Pour une division parcellaire, le recours à un géomètre-expert est vivement recommandé. Ce professionnel assermenté peut :
- Réaliser un relevé topographique précis de votre terrain
- Établir un plan conforme aux exigences administratives
- Procéder au bornage contradictoire avec vos voisins
- Produire un document d'arpentage pour la publication au cadastre
Le coût d'un bornage avec plan de division varie de 800 € à 2 500 € selon la taille du terrain et sa complexité (nombre de bornes, accessibilité, présence de servitudes).
Option 2 : réaliser le plan vous-même
Si les limites de votre terrain sont déjà clairement établies (bornage existant), vous pouvez réaliser le DP10 vous-même avec un logiciel de plan de masse adapté.
Étapes de réalisation :
- Récupérer le fond cadastral sur cadastre.gouv.fr
- Mesurer les distances sur le terrain avec un décamètre ou un télémètre laser
- Reporter les cotes sur le plan en respectant l'échelle
- Tracer les nouvelles limites avec leurs cotes
- Ajouter l'altimétrie (relevé au niveau laser si terrain pentu)
- Calculer les surfaces de chaque lot
Attention : un plan approximatif peut entraîner un refus ou des difficultés lors du bornage définitif.
La question de la différence entre plan de masse et plan de situation
Pour comprendre la différence entre plan de masse et plan de situation, retenez que le plan de situation localise votre terrain dans son environnement (échelle 1/5000 à 1/25000), tandis que le plan de masse (ou le DP10) détaille la parcelle elle-même. Les deux sont complémentaires dans un dossier de déclaration préalable.
Cas pratiques et exemples
Exemple 1 : Division simple en deux lots
Situation : Monsieur Dupont possède un terrain de 1 200 m² en zone UB avec une maison de 120 m². Il souhaite détacher un lot de 400 m² pour le vendre comme terrain à bâtir.
DP10 requis : Oui, car création d'un lot constructible.
Contenu du plan :
- Terrain initial : 1 200 m² (parcelle AB 123)
- Lot A conservé : 800 m² avec la maison existante
- Lot B détaché : 400 m² nu, accès direct sur rue
- Nouvelle limite : tracé rectiligne de 20 ml
Pièces complémentaires : Formulaire CERFA 13703, DP1 (plan de situation), DP10.
Délai d'instruction : 1 mois. Décision tacite de non-opposition si pas de réponse.
Exemple 2 : Division avec lot enclavé
Situation : Madame Martin divise son terrain de 2 000 m² pour créer un lot arrière de 600 m². Ce lot ne dispose pas d'accès direct à la voie publique.
DP10 requis : Oui, avec indication de la servitude de passage.
Particularités du plan :
- Tracé de l'accès au lot B : bande de 4 m de large sur 25 m de long
- Indication « servitude de passage au profit du lot B »
- Cotes altimétriques montrant la pente du passage (max 15 %)
Précaution : La servitude de passage doit être formalisée par acte notarié lors de la vente.
Exemple 3 : Division en zone agricole
Situation : Un agriculteur souhaite détacher 2 000 m² de sa parcelle de 5 hectares pour y implanter un gîte rural (autorisé par le PLU).
DP10 requis : Oui, avec démonstration de la cohérence avec l'activité agricole.
Points d'attention :
- Justifier que la surface restante permet la poursuite de l'activité
- Montrer que l'accès au lot ne morcelle pas les terres cultivables
- Vérifier la superficie minimale exigée par le PLU en zone A
Ce cas illustre l'importance du DP10 pour démontrer la conformité aux règles d'urbanisme.
Exemple 4 : Extension et considérations surface
Si votre projet de division s'accompagne de travaux de construction, par exemple pour créer une extension de 20 m², vous devrez combiner les pièces graphiques. Le DP10 pour la division et le DP2 pour la construction peuvent être présentés sur un même support graphique ou sur des plans séparés.
Erreurs à éviter
Erreur n°1 : Négliger le bornage préalable
Déposer un DP10 basé sur des limites non bornées expose à des contestations ultérieures. Si vos voisins contestent le bornage après l'obtention de la non-opposition, vous pourriez devoir modifier votre division. Coût d'un bornage : 600 à 1 500 € — un investissement qui sécurise votre projet.
Erreur n°2 : Oublier les cotes altimétriques
Un terrain pentu sans cotes de niveau sera refusé. L'administration doit pouvoir vérifier que les lots créés sont constructibles, notamment en ce qui concerne l'évacuation des eaux pluviales et l'accès des véhicules.
Erreur n°3 : Sous-estimer les règles du PLU
Le PLU peut imposer une surface minimale par lot. En zone UB, cette surface peut être de 300, 500 ou 800 m² selon les communes. Votre DP10 doit démontrer le respect de cette règle. Consultez le PLU de votre commune avant de concevoir votre division.
Erreur n°4 : Ignorer les servitudes existantes
Avant de tracer vos nouvelles limites, vérifiez l'existence de servitudes (passage, réseaux, vue, etc.) qui pourraient grever certaines parties du terrain. Ces servitudes doivent figurer sur le DP10.
Erreur n°5 : Créer un lot inaccessible
Un lot sans accès à la voie publique ou sans possibilité d'accès (terrain totalement enclavé) sera refusé. Prévoyez systématiquement une servitude de passage d'au moins 3 m de large, idéalement 4 m pour le passage d'un véhicule.
Erreur n°6 : Confondre DP10 et document d'arpentage
Le DP10 est une pièce du dossier d'urbanisme. Le document d'arpentage, établi par le géomètre, sert à la mise à jour du cadastre après division. Ce sont deux documents distincts, même s'ils peuvent être réalisés simultanément.
Questions fréquentes
Qu’est-ce que la pièce DP10 ?
La pièce DP10 est le plan coté en trois dimensions exigé pour les déclarations préalables de division de terrain. Ce document doit montrer les limites actuelles de la parcelle, le tracé des nouvelles limites entre les lots créés, et l'altimétrie du terrain. Il permet à l'instructeur de vérifier la conformité de la division aux règles d'urbanisme (surface minimale des lots, accès, constructibilité).
Quand la DP10 est-elle obligatoire ?
Le DP10 est obligatoire dès que votre déclaration préalable porte sur une division foncière créant un lot destiné à être bâti. Cela inclut : la division d'un terrain en plusieurs lots constructibles, le détachement d'une partie de terrain pour la vendre comme terrain à bâtir, ou la division préalable à une construction. En revanche, si vous détachez un simple lot jardin non constructible, le DP10 n'est pas requis.
Que doit contenir le document DP10 ?
Le DP10 doit contenir : les limites existantes du terrain avec leurs cotes en longueur, le tracé des nouvelles limites séparant les lots avec toutes les dimensions, les cotes altimétriques (niveau NGF ou relatif), les surfaces de chaque lot créé, les constructions existantes, les accès, l'orientation Nord, les références cadastrales, et l'échelle (généralement 1/200 ou 1/500). Une barre d'échelle graphique est recommandée.
Qu’est-ce que la pièce DP10-1 ?
La pièce DP10-1 est une attestation de l'accord du lotisseur, requise uniquement si vous subdivisez un lot provenant d'un lotissement ayant fait l'objet d'un permis d'aménager. Cette attestation garantit que la nouvelle division respecte le règlement du lotissement d'origine. Elle doit être signée par le lotisseur ou l'Association Syndicale Libre du lotissement. Après 10 ans, les règles du lotissement peuvent être caduques, rendant la DP10-1 inutile.
La DP10 est-elle obligatoire pour une extension ?
Non, la DP10 n'est pas requise pour une simple extension. Si vous agrandissez votre maison sans diviser le terrain, c'est la pièce DP2 (plan de masse) qui sera exigée. La DP10 concerne exclusivement les divisions parcellaires. En revanche, si vous divisez ET construisez en même temps, vous devrez fournir les deux plans. Pour une isolation extérieure, seul le DP2 est nécessaire.
Comment justifier la surface dans le DP10 ?
La surface de chaque lot doit être calculée et indiquée sur le plan. Pour justifier ces surfaces, vous pouvez vous appuyer sur : un relevé topographique réalisé par un géomètre-expert (le plus fiable), le cadastre (valeur indicative), ou vos propres mesures sur le terrain (décamètre, télémètre). Le total des surfaces des lots créés doit correspondre à la surface totale du terrain initial. En cas de doute, le géomètre-expert est le seul habilité à produire des mesures opposables.
Quand la DP10-1 est-elle obligatoire ?
La DP10-1 est obligatoire lorsque vous souhaitez subdiviser un lot issu d'un lotissement soumis à permis d'aménager et que les règles de ce lotissement sont toujours en vigueur (généralement moins de 10 ans ou clause de maintien perpétuel). Elle n'est pas requise si votre terrain provient d'un lotissement ancien (plus de 10 ans sans clause de prolongation), d'un lotissement déclaratif (simple DP), ou d'un terrain jamais inclus dans un lotissement.
Conclusion
La pièce DP10 est le document clé de toute déclaration préalable de division de terrain. Ce plan coté en trois dimensions, souvent appelé plan division parcellaire ou pièce DP10, doit démontrer avec précision la configuration des lots que vous souhaitez créer.
Pour un dossier solide, veillez à inclure toutes les cotes horizontales et verticales, à respecter les surfaces minimales du PLU, et à prévoir les accès nécessaires. Si votre terrain provient d'un lotissement récent, la pièce DP10-1 (attestation du lotisseur) viendra compléter votre dossier.
En cas de doute sur les limites de votre terrain ou sur la faisabilité de votre projet, le recours à un géomètre-expert reste la solution la plus sûre. Son intervention sécurise votre division et facilite les démarches ultérieures (publication cadastrale, vente).
Le délai d'instruction d'une déclaration préalable de division est d'1 mois (2 mois en secteur ABF). À l'issue de ce délai, l'absence de réponse vaut non-opposition tacite.
Sources : Code de l'urbanisme (articles R421-9 à R421-12, R431-36), Service-public.fr, Ordre des géomètres-experts
