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Taxe Foncière et Emprise au Sol : Impact des Constructions sur votre Impôt

Taxe Foncière et Emprise au Sol : Comment vos Constructions Impactent votre Impôt

Temps de lecture : 12 minutes

Vous venez de construire un garage, une extension ou une piscine ? Votre taxe foncière va augmenter. Mais de combien ? Et quel rapport avec l'emprise au sol ? La taxe foncière se calcule sur la valeur locative cadastrale de votre bien, qui dépend de la surface habitable, des dépendances et des éléments de confort. L'emprise au sol, elle, détermine surtout la taxe d'aménagement, due une seule fois lors de la construction. Beaucoup de propriétaires confondent ces deux impositions. Je vous explique comment chaque construction impacte vos impôts locaux et comment anticiper ces coûts.

Sommaire

  1. Taxe foncière vs taxe d'aménagement : deux impositions distinctes
  2. Comment la taxe foncière se calcule
  3. La taxe d'aménagement : calcul et emprise au sol
  4. Impact par type de construction
  5. Cas pratiques et exemples
  6. Erreurs à éviter
  7. Questions fréquentes
  8. Conclusion

Taxe Foncière vs Taxe d'Aménagement : Deux Impositions Distinctes

La taxe foncière : un impôt annuel

La taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) est un impôt local payé chaque année par le propriétaire au 1er janvier. Elle finance les collectivités locales (commune, département, intercommunalité).

Caractéristiques :

  • Payable annuellement
  • Calculée sur la valeur locative cadastrale
  • Révisable en cas de modification du bien
  • Exonérations possibles (2 ans pour construction neuve)

La taxe d'aménagement : une taxe unique

La taxe d'aménagement (TA) est due une seule fois, lors de l'obtention d'une autorisation d'urbanisme créant de la surface. Elle se calcule sur la surface taxable multipliée par une valeur forfaitaire et des taux locaux.

Caractéristiques :

  • Payable une seule fois après l'autorisation
  • Calculée sur la surface taxable créée
  • Valeur forfaitaire nationale (914 €/m² en 2024)
  • Payable en 2 échéances (12 et 24 mois après autorisation)

Quel lien avec l'emprise au sol ?

L'emprise au sol (projection verticale de la construction) détermine le seuil d'autorisation d'urbanisme, mais pas directement la taxe foncière. En revanche :

  • La taxe d'aménagement se calcule sur la surface taxable (proche de la surface de plancher)
  • La taxe foncière se calcule sur la valeur locative (liée à la surface habitable + dépendances)

Une construction avec emprise au sol mais sans surface de plancher (carport, terrasse couverte ouverte) génère peu ou pas de taxe d'aménagement mais peut impacter la valeur locative si elle constitue une dépendance.

Comment la Taxe Foncière se Calcule

La valeur locative cadastrale

La base imposable de la taxe foncière est la valeur locative cadastrale, c'est-à-dire le loyer théorique que votre bien pourrait générer s'il était loué.

Cette valeur locative dépend de :

  • La surface pondérée du logement
  • Les éléments de confort (chauffage, salle de bain, WC)
  • Les dépendances (garage, cave, piscine)
  • La situation géographique

La valeur locative est ensuite affectée d'un abattement de 50% pour obtenir la base d'imposition.

Formule de calcul de la taxe foncière

Taxe foncière = Valeur locative × 50% × Taux d'imposition

Les taux sont votés par les collectivités locales. En 2024, le taux moyen communal est d'environ 20-25%, auquel s'ajoute la part départementale et intercommunale.

Exemple :

  • Valeur locative : 2 400 €/an
  • Base imposable : 2 400 × 50% = 1 200 €
  • Taux total : 45%
  • Taxe foncière : 1 200 × 45% = 540 €/an

Comment une construction nouvelle impacte la valeur locative

Toute construction nouvelle ou extension modifie la valeur locative cadastrale. Vous devez déclarer les changements dans les 90 jours suivant l'achèvement des travaux :

  • Formulaire H1 : pour une maison individuelle
  • Formulaire H2 : pour un appartement
  • Formulaire IL : pour les locaux commerciaux

Le fisc recalcule alors la valeur locative et ajuste la taxe foncière à partir de l'année suivante (après la période d'exonération éventuelle).

L'exonération de 2 ans pour construction neuve

Une construction neuve ou une extension bénéficie d'une exonération de taxe foncière pendant 2 ans à compter du 1er janvier suivant l'achèvement. Cette exonération concerne la part communale (la commune peut la supprimer) et la part départementale.

Conditions :

  • Déclaration dans les 90 jours (formulaire H1/H2)
  • Travaux achevés (déclaration DAACT déposée)

Une déclaration tardive fait perdre le bénéfice de l'exonération pour les mois écoulés.

La Taxe d'Aménagement : Calcul et Emprise au Sol

Principe de la taxe d'aménagement

La taxe d'aménagement (TA) est due pour toute construction, reconstruction ou agrandissement nécessitant une autorisation d'urbanisme (permis de construire ou déclaration préalable).

Elle se calcule ainsi :

TA = Surface taxable × Valeur forfaitaire × (Taux communal + Taux départemental)

La valeur forfaitaire 2024-2025

La valeur forfaitaire est fixée nationalement et révisée chaque année :

Élément Valeur 2024
Construction standard (France métro) 914 €/m²
Construction standard (Île-de-France) 1 036 €/m²
Piscine 200 €/m² de bassin
Panneaux solaires au sol 10 €/m²
Éolienne > 12 m 3 000 € par éolienne
Parking extérieur 2 500 € par place

Surface taxable vs emprise au sol

La surface taxable n'est pas l'emprise au sol. Elle correspond à la surface de plancher close et couverte avec une hauteur sous plafond supérieure à 1,80 m.

Type de construction Emprise au sol Surface taxable
Maison 100 m² 100 m² 100 m²
Carport 20 m² 20 m² 0 m² (non clos)
Garage 25 m² 25 m² 25 m²
Piscine 40 m² 40 m² Forfait piscine
Terrasse surélevée Selon hauteur 0 m² (non couverte)

Un carport de 20 m² crée de l'emprise au sol (nécessitant une déclaration préalable) mais ne génère pas de taxe d'aménagement car il n'est pas clos.

L'abattement de 50% sur les 100 premiers m²

Pour les résidences principales, un abattement de 50% s'applique sur les 100 premiers m² de surface taxable. Cet abattement réduit significativement la TA pour les projets modestes.

Exemple : maison de 120 m² avec taux total de 5%

  • 100 m² × 914 € × 50% × 5% = 2 285 €
  • 20 m² × 914 € × 100% × 5% = 914 €
  • Total TA : 3 199 €

Sans abattement, la TA aurait été de 5 484 €.

Exonérations de taxe d'aménagement

Certaines constructions sont exonérées de taxe d'aménagement :

  • Constructions de moins de 5 m²
  • Reconstructions à l'identique après sinistre
  • Locaux agricoles (selon conditions)
  • Logements sociaux (selon conditions)

Pour un abri de jardin de 8 m², la TA sera : 8 × 914 × 5% ≈ 365 € (exemple avec taux total 5%).

Impact par Type de Construction

Garage : emprise, taxe foncière et TA

Le garage compte-t-il dans la surface de plancher ? Oui, le garage fermé crée de la surface de plancher (déductible pour certains calculs) mais génère de la surface taxable pour la TA.

Taxe d'aménagement :

  • Garage de 20 m² : 20 × 914 × 5% = 914 € (exemple)

Taxe foncière :

  • Le garage est une dépendance qui augmente la valeur locative
  • Impact estimé : + 50 à 150 €/an selon les localités

Piscine : forfait spécial

La piscine nécessitant une autorisation est soumise à un régime particulier pour la TA.

Taxe d'aménagement :

  • Forfait de 200 €/m² de bassin
  • Piscine de 32 m² : 32 × 200 × 5% = 320 € (exemple avec taux 5%)

Taxe foncière :

  • La piscine est un élément de confort augmentant la valeur locative
  • Impact estimé : + 200 à 500 €/an selon la surface et la commune

L'augmentation de la taxe foncière est permanente, d'où l'importance de la déclarer correctement.

Extension et surélévation

Une extension de 20 m² ou plus est soumise aux deux taxes.

Taxe d'aménagement :

  • Extension de 30 m² : 30 × 914 × 5% = 1 371 € (sans abattement si la RP a déjà utilisé les 100 m²)

Taxe foncière :

  • L'extension augmente la surface habitable pondérée
  • Impact estimé : + 100 à 300 €/an selon la surface et les finitions

La surélévation crée de la surface de plancher sans emprise au sol supplémentaire, mais elle est taxée identiquement.

Abri de jardin

L'abri de jardin est soumis à la taxe d'aménagement s'il dépasse 5 m² (seuil de la déclaration préalable).

Taxe d'aménagement :

  • Abri de 10 m² : 10 × 914 × 5% = 457 € (exemple)

Taxe foncière :

  • L'abri de jardin est une dépendance légère
  • Impact estimé : + 20 à 50 €/an selon les communes

Pour les bâtiments agricoles, des exonérations spécifiques peuvent s'appliquer sous conditions.

Véranda et mezzanine

La véranda crée de la surface de plancher (close et couverte) : elle est taxée comme une extension classique.

La mezzanine est taxable uniquement si elle est close et couverte avec hauteur > 1,80 m. Une mezzanine ouverte dans un séjour cathédrale peut échapper à la taxation.

Cas Pratiques et Exemples

Exemple 1 : Construction d'un garage de 25 m²

Projet : garage attenant de 25 m² dans une commune avec taux TA de 5%.

Taxe d'aménagement :

  • Surface taxable : 25 m²
  • Calcul : 25 × 914 × 5% = 1 143 €
  • Payable en 2 fois : 571 € à 12 mois, 571 € à 24 mois

Taxe foncière :

  • Déclaration dans les 90 jours sur formulaire H1
  • Exonération de 2 ans (si déclaré à temps)
  • À partir de la 3ème année : + 80 à 120 €/an estimé

Délai d'instruction : le délai du permis de construire ou de la DP est d'un mois pour une DP de garage.

Exemple 2 : Piscine de 40 m² + local technique de 8 m²

Projet : piscine enterrée avec local technique hors sol.

Taxe d'aménagement :

  • Piscine : 40 × 200 × 5% = 400 €
  • Local technique : 8 × 914 × 5% = 366 €
  • Total TA : 766 €

Taxe foncière :

  • Piscine = élément de confort majeur
  • Augmentation estimée : + 300 à 600 €/an

Conseil : la durée de validité du permis vous laisse 3 ans pour commencer les travaux, mais la TA est calculée dès l'obtention.

Exemple 3 : Extension de 35 m² en zone U PLU

Projet : extension pour créer une suite parentale.

Taxe d'aménagement :

  • Si résidence principale ayant déjà bénéficié de l'abattement : 35 × 914 × 5% = 1 600 €
  • Si première construction et abattement disponible : calcul minoré

Taxe foncière :

  • Surface habitable supplémentaire : impact direct sur la valeur locative
  • Augmentation estimée : + 200 à 400 €/an

Plan de masse : le plan de masse normé doit indiquer les surfaces créées.

Exemple 4 : Terrasse couverte de restaurant

Projet : terrasse couverte de 50 m² pour un restaurant.

Les règles diffèrent pour les locaux professionnels. La terrasse de restaurant peut être soumise à :

  • Taxe d'aménagement si elle crée de la surface taxable
  • Contribution économique territoriale (remplaçant la taxe professionnelle)
  • Redevance d'occupation du domaine public si sur trottoir

Erreurs à Éviter

Erreur n°1 : Confondre taxe foncière et taxe d'aménagement

La taxe d'aménagement est ponctuelle (une fois), la taxe foncière est annuelle. Beaucoup de propriétaires pensent qu'en payant la TA, ils sont quittes. Faux : la taxe foncière augmentera définitivement avec la nouvelle construction.

Erreur n°2 : Ne pas déclarer dans les 90 jours

La déclaration de construction nouvelle (formulaire H1/H2) doit être faite dans les 90 jours suivant l'achèvement. Passé ce délai, vous perdez l'exonération de 2 ans au prorata.

Exemple : travaux achevés en mars, déclaration en septembre (+ 5 mois de retard) = perte de l'exonération pour 5 mois.

Erreur n°3 : Oublier les dépendances

Garage, abri de jardin, piscine, véranda : tout doit être déclaré. Le fisc peut recouper avec les autorisations d'urbanisme et réclamer un rattrapage sur 3 ans + pénalités de 10%.

Erreur n°4 : Sous-estimer l'impact de la piscine

La piscine a un double impact : TA à la construction + augmentation permanente de la taxe foncière. Une piscine de 40 m² peut coûter 400 € de TA + 300 à 500 €/an de taxe foncière supplémentaire. Sur 20 ans : 6 400 à 10 400 € de taxes.

Erreur n°5 : Ne pas anticiper le recours des voisins

Si un voisin conteste votre autorisation et obtient son annulation, vous aurez quand même payé des frais de dossier. Mais la TA n'est due qu'après purge du recours des tiers (2 mois après affichage continu).

Questions Fréquentes

La piscine augmente-t-elle la taxe foncière ?

Oui, la piscine augmente définitivement la taxe foncière car elle constitue un élément de confort augmentant la valeur locative cadastrale de votre bien. L'augmentation varie selon les communes mais se situe généralement entre 200 € et 500 € par an pour une piscine standard (30-50 m²). Cette augmentation est permanente, contrairement à la taxe d'aménagement qui n'est payée qu'une fois lors de la construction.

Comment est calculée la taxe d’aménagement pour un abri de jardin ?

La taxe d'aménagement d'un abri de jardin se calcule ainsi : surface de l'abri × valeur forfaitaire (914 €/m² en 2024) × taux communal + départemental. Pour un abri de 12 m² dans une commune avec taux total de 5% : 12 × 914 × 5% = 548 €. Les abris de moins de 5 m² sont exonérés car dispensés d'autorisation d'urbanisme. L'abattement de 50% pour résidence principale ne s'applique pas aux dépendances non habitables.

L’aménagement des combles augmente-t-il la taxe foncière ?

Oui, si l'aménagement des combles crée de la surface habitable. Avant travaux, les combles perdus ne comptent pas dans la valeur locative. Après aménagement, ils deviennent surface habitable imposable. La déclaration doit être faite sur formulaire H1 dans les 90 jours suivant l'achèvement. L'augmentation de taxe foncière dépend de la surface créée et des finitions (chauffage, sanitaires). Comptez + 100 à 300 €/an pour 30 m² de combles aménagés.

Quand doit-on payer la taxe d’aménagement ?

La taxe d'aménagement est payable en deux échéances : la première 12 mois après la délivrance de l'autorisation, la seconde 24 mois après. Si le montant total est inférieur à 1 500 €, elle est payable en une seule fois à 12 mois. L'avis de paiement est envoyé par la Direction Générale des Finances Publiques quelques mois avant l'échéance. Le non-paiement entraîne des majorations de 10%.

Combien coûte la taxe d’aménagement pour une construction neuve ?

Pour une maison neuve de 120 m² de surface taxable, avec abattement de 50% sur les 100 premiers m² (résidence principale) et un taux total de 5% : (100 × 914 × 50% + 20 × 914 × 100%) × 5% = (45 700 + 18 280) × 5% = 3 199 €. Sans abattement (résidence secondaire) : 120 × 914 × 5% = 5 484 €. Les taux varient selon les communes (entre 1% et 5% pour la part communale).

La taxe foncière augmente-t-elle après un permis de construire ?

Oui, si le permis de construire concerne une construction créant de la surface habitable ou des dépendances. L'augmentation intervient après la période d'exonération de 2 ans (si vous avez déclaré dans les 90 jours). La hausse dépend de la nature des travaux : une extension de 30 m² augmente davantage la taxe qu'un garage de même surface. Déclarez sur formulaire H1/H2 pour déclencher l'exonération et éviter un redressement ultérieur.

Peut-on contester le montant de la taxe d’aménagement ?

Oui, vous pouvez contester la taxe d'aménagement si vous estimez que la surface taxable a été mal calculée ou si vous pensez bénéficier d'une exonération non appliquée. La réclamation doit être adressée par écrit au service des impôts dans un délai de 2 mois suivant la réception de l'avis. Joignez les pièces justificatives (plans, autorisation d'urbanisme). En cas de rejet, un recours devant le tribunal administratif est possible dans les 2 mois.

Conclusion

La fiscalité immobilière comprend deux composantes distinctes à anticiper pour tout projet de construction :

Taxe d'aménagement (ponctuelle) :

  • Due une fois, après obtention de l'autorisation
  • Calculée sur la surface taxable × valeur forfaitaire × taux
  • Abattement 50% sur 100 m² pour résidence principale

Taxe foncière (annuelle) :

  • Augmentation permanente liée à la nouvelle valeur locative
  • Exonération possible de 2 ans si déclaration dans les 90 jours
  • Toutes les constructions comptent (garage, piscine, abri, extension)

Avant de lancer votre projet, calculez les deux impacts. Une extension de 35 m² représente environ 1 600 € de TA + 200 à 400 €/an de taxe foncière supplémentaire. Sur 20 ans : 5 600 à 9 600 € de taxes au total.

Cette anticipation financière fait partie intégrante de votre budget construction, au même titre que les travaux eux-mêmes.


Sources : Code général des impôts (articles 1380 et suivants, 1635 quater A et suivants), Service-public.fr, DGFIP, Legifrance