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Cette Star Condamnée à Démolir sa Piscine Illégale

Cette Star Condamnée à Démolir sa Piscine Illégale

Temps de lecture : 8 minutes

Un chanteur célèbre contraint de combler sa piscine béton de 80 m², une actrice condamnée à 45 000 € d'amende pour une piscine creusée non déclarée : la justice ne fait pas de cadeau, même aux personnalités. Construire une piscine sans déclaration piscine ou permis piscine peut coûter très cher. Entre 10 et 100 m² de bassin, une simple déclaration préalable suffit pourtant. Pourquoi tant de propriétaires passent-ils outre ? Quels sont les risques réels ? Des affaires médiatisées aux règles à connaître pour votre propre piscine enterrée, voici tout ce qu'il faut savoir.

Sommaire

  1. La réglementation des piscines
  2. Les célébrités condamnées
  3. Les sanctions encourues
  4. Comment déclarer correctement sa piscine
  5. Erreurs à éviter
  6. Questions fréquentes
  7. Conclusion

La réglementation des piscines

Les seuils à connaître

La construction d'une piscine enterrée ou d'une piscine creusée est encadrée par le Code de l'urbanisme (articles R421-9 à R421-12) :

Surface du bassin Abri piscine Autorisation requise
< 10 m² Sans abri ou < 1,80 m Aucune
< 10 m² Abri > 1,80 m Déclaration préalable
10 à 100 m² Sans abri ou < 1,80 m Déclaration préalable
10 à 100 m² Abri > 1,80 m Permis de construire
> 100 m² Tout type Permis de construire

Le cas des piscines coques et béton

Le type de construction (piscine coque polyester ou piscine béton) ne change pas les seuils réglementaires. Seule la surface du bassin compte.

Piscine coque :

  • Installation rapide (quelques jours)
  • Surface généralement entre 20 et 60 m²
  • Soumise aux mêmes règles

Piscine béton :

  • Construction plus longue (plusieurs semaines)
  • Formes sur-mesure possibles
  • Même réglementation applicable

Les éléments annexes

Construire une piscine implique souvent des équipements complémentaires :

Local technique piscine :

  • Abrite filtration, pompe, traitement
  • Crée de la surface de plancher
  • Si > 5 m² : déclaration préalable séparée
  • Si > 20 m² : permis de construire

Plage de piscine :

  • Surface non couverte : pas d'autorisation
  • Si couverte (pergola > 5 m²) : déclaration préalable

Piscine couverte :

  • Abri bas (< 1,80 m) : pas d'autorisation supplémentaire
  • Abri haut (> 1,80 m) : déclaration ou permis selon surface

Pour un couloir de nage, les mêmes règles s'appliquent : c'est la surface qui compte, pas la forme.

Les célébrités condamnées

L'affaire du chanteur et sa piscine béton

Contexte : un chanteur très médiatisé fait construire une piscine béton de 12 x 6 m (72 m²) dans sa propriété du Var, sans aucune déclaration.

Découverte : un voisin signale les travaux à la mairie. Le service urbanisme constate l'infraction par visite sur place.

Procédure :

  • PV d'infraction dressé
  • Mise en demeure de régulariser ou démolir
  • Refus de régularisation (zone N du PLU)
  • Condamnation par le tribunal correctionnel

Sanctions :

  • Amende : 35 000 € (environ 500 €/m²)
  • Obligation de combler la piscine sous 6 mois
  • Astreinte de 200 €/jour de retard

Issue : après 18 mois de procédure et un appel rejeté, la piscine a été comblée. Coût total estimé : 80 000 € (amende + comblement + frais de justice).

L'actrice et sa piscine creusée en zone ABF

Contexte : une actrice connue fait installer une piscine creusée de 50 m² dans le jardin de sa maison provençale, située à 400 m d'un château classé monument historique.

Problème : en zone ABF (périmètre des 500 m), toute construction nécessite l'avis de l'Architecte des Bâtiments de France. Aucune demande n'avait été déposée.

Aggravation : la piscine était visible depuis le monument, ce qui rendait la régularisation impossible selon l'ABF.

Sanctions :

  • Amende : 45 000 €
  • Démolition ordonnée
  • Remise en état du terrain

L'homme d'affaires et le permis piscine refusé

Contexte : un entrepreneur dépose une demande de permis piscine pour un bassin de 120 m² (seuil 100 m² dépassé). La mairie refuse au motif d'une emprise au sol excessive.

Erreur fatale : malgré le refus, il fait construire la piscine en pensant régulariser plus tard.

Conséquences :

  • Construction sans permis = infraction pénale
  • Pas de prescription tant que la piscine existe
  • Condamnation à la démolition confirmée en appel

Cette affaire montre qu'un refus de permis ne peut pas être "contourné" par des travaux anticipés.

Les sanctions encourues

Les sanctions pénales

La construction d'une piscine sans permis ou sans déclaration est un délit :

Infraction Amende Maximum
Travaux sans déclaration 1 200 à 6 000 €/m² 300 000 €
Travaux sans permis 1 200 à 6 000 €/m² 300 000 €
Non-respect du permis 1 200 à 6 000 €/m² 300 000 €
Récidive Double 600 000 €

Pour une piscine de 60 m², l'amende peut donc atteindre 360 000 € théoriquement, même si les tribunaux appliquent généralement des montants plus modérés (20 000 à 80 000 € en pratique).

La démolition judiciaire

Le tribunal peut ordonner :

  • La démolition de l'ouvrage
  • La remise en état du terrain
  • Une astreinte journalière jusqu'à exécution

Coût de comblement d'une piscine :

  • Vidange et neutralisation : 2 000-5 000 €
  • Comblement (gravats, terre) : 5 000-15 000 €
  • Remise en état du terrain : 3 000-8 000 €
  • Total : 10 000 à 30 000 €

Les prescriptions

Type Délai Effet
Pénale 6 ans après achèvement Plus de poursuites pénales
Civile 10 ans Plus d'action des voisins
Administrative Aucune Démolition possible à vie

Attention : la prescription pénale ne légalise pas la piscine. L'administration peut toujours exiger la démolition, même après 20 ans.

Comment déclarer correctement sa piscine

Étape 1 : Vérifier le PLU

Avant tout projet, consultez le PLU de votre commune :

  • La piscine est-elle autorisée dans votre zone ?
  • Quelles sont les distances aux limites séparatives ?
  • Y a-t-il des prescriptions particulières (couleur, matériaux) ?
  • Êtes-vous en zone protégée (ABF, site classé) ?

Étape 2 : Préparer le dossier

Pour une déclaration préalable (bassin 10-100 m²), préparez :

Pièces obligatoires :

  • CERFA 13703 rempli
  • Plan de situation (localisation dans la commune)
  • Plan de masse coté avec emplacement de la piscine
  • Plan en coupe du terrain
  • Photos de l'environnement proche et lointain

Cotation du plan de masse à indiquer :

  • Dimensions du bassin
  • Distance aux limites séparatives
  • Distance à la maison existante
  • Emprise du local technique si prévu

Consultez des exemples de plan de masse pour bien comprendre les attentes.

Étape 3 : Déposer le dossier

Le dépôt peut se faire :

  • En mairie (guichet physique)
  • Par courrier recommandé
  • En ligne (communes > 3 500 habitants)

Le pétitionnaire reçoit un récépissé avec le numéro de dossier et la date de départ du délai d'instruction.

Étape 4 : Attendre la réponse

Délai d'instruction :

  • Déclaration préalable : 1 mois
  • En zone ABF : 2 mois
  • Permis de construire (> 100 m²) : 2 mois

À défaut de réponse dans le délai, la déclaration est tacitement acceptée.

Étape 5 : Afficher et construire

Une fois l'autorisation obtenue :

  1. Afficher le panneau réglementaire sur le terrain
  2. Attendre le délai de recours (2 mois recommandé)
  3. Commencer les travaux
  4. Déclarer l'achèvement (DAACT)

Pour les projets sensibles, faire constater l'affichage par un géomètre ou un huissier sécurise contre les recours tardifs.

Erreurs à éviter

1. Croire que personne ne verra

Les piscines sont visibles :

  • Par les voisins (qui peuvent dénoncer)
  • Par les services fiscaux (photos aériennes, cadastre)
  • Par Google Earth et autres images satellites
  • Lors de la vente du bien (diagnostic obligatoire)

2. Confondre surface et emprise

La surface réglementaire est celle du bassin (miroir d'eau), pas l'emprise totale incluant les margelles. Une piscine de 8 x 4 m = 32 m² de bassin, même si l'ensemble avec plage fait 80 m².

3. Oublier le local technique

Le local technique crée de la surface de plancher et nécessite sa propre autorisation s'il dépasse 5 m². Un local de 8 m² ajouté à une piscine de 50 m² = deux déclarations distinctes.

4. Ignorer la taxe d'aménagement

La piscine est soumise à la taxe d'aménagement :

  • Valeur forfaitaire : 250 €/m² de bassin (2024)
  • Taux communal : 1 à 5%
  • Pour 60 m² : 750 à 3 750 € de taxe

Cette taxe est due même si vous "oubliez" de déclarer. Les services fiscaux la réclameront avec pénalités.

5. Penser qu'une piscine hors-sol échappe aux règles

Une piscine hors-sol installée plus de 3 mois par an est considérée comme permanente et soumise aux mêmes règles qu'une piscine enterrée.

Questions fréquentes

Quelle autorisation pour une piscine de 50 m² ?

Une piscine de 50 m² de bassin nécessite une déclaration préalable (entre 10 et 100 m²). Le délai d'instruction est d'1 mois (2 mois en zone ABF). Si vous ajoutez un abri de plus de 1,80 m de hauteur, un permis de construire devient obligatoire. Pièces requises : CERFA 13703, plan de situation, plan de masse coté montrant l'emplacement de la piscine et les distances aux limites, photos de l'environnement. Sans cette déclaration, vous risquez une amende jusqu'à 6 000 €/m² et la démolition.

Piscine enterrée : déclaration ou permis de construire ?

Pour une piscine enterrée (ou piscine creusée), le critère est la surface du bassin. Moins de 10 m² sans abri ou avec abri < 1,80 m : aucune formalité. Entre 10 et 100 m² sans abri haut : déclaration préalable (1 mois). Au-delà de 100 m² ou avec un abri > 1,80 m : permis de construire (2 mois). Le type de construction (béton, coque) n'influence pas le seuil. En zone protégée (ABF, site classé), toute piscine nécessite une autorisation avec avis des services patrimoniaux, même sous 10 m².

Quel dispositif de sécurité est obligatoire pour une piscine ?

Toute piscine enterrée ou semi-enterrée à usage privatif doit être équipée d'au moins un des quatre dispositifs de sécurité normalisés (loi du 3 janvier 2003) : barrière de protection (norme NF P90-306), alarme de piscine (NF P90-307), couverture de sécurité (NF P90-308), ou abri de piscine (NF P90-309). L'absence de dispositif est passible d'une amende de 45 000 €. Cette obligation est indépendante de l'autorisation d'urbanisme : même une piscine correctement déclarée doit être sécurisée.

Peut-on régulariser une piscine construite sans autorisation ?

La régularisation est possible si la piscine est conforme au PLU actuel. Déposez une déclaration préalable ou un permis "de régularisation" avec les plans de l'existant. Si la piscine respecte les règles (implantation, surface, aspect), l'autorisation sera accordée. Si elle ne les respecte pas (zone inconstructible, distance aux limites insuffisante), la régularisation est impossible et la démolition peut être ordonnée. Attention : la régularisation n'efface pas l'infraction pénale (amende possible) ni le rattrapage de taxe d'aménagement. Mieux vaut déclarer avant de construire.

Conclusion

Les piscines illégales font la une quand elles concernent des célébrités, mais des milliers de particuliers sont concernés chaque année. Les sanctions sont lourdes : amendes de plusieurs dizaines de milliers d'euros et démolition possible sans limite de temps.

Les points clés à retenir :

  1. 10 à 100 m² de bassin : déclaration préalable obligatoire (1 mois)
  2. Plus de 100 m² ou abri > 1,80 m : permis de construire (2 mois)
  3. Zone ABF : avis de l'architecte des bâtiments de France requis
  4. Sanctions : jusqu'à 6 000 €/m² d'amende + démolition possible
  5. Sécurité : dispositif normalisé obligatoire (45 000 € d'amende si absent)

Pour votre projet, commencez par consulter le PLU et vérifiez la différence entre plan de masse et plan de situation pour préparer un dossier complet. Une piscine déclarée, c'est une piscine sans souci pour les décennies à venir. Consultez aussi notre article sur l'isolation extérieure si vous envisagez d'autres travaux sur votre maison, ou l'extension de 20 m² pour agrandir votre espace de vie. Utilisez un logiciel de plan de masse pour dessiner votre projet si vous n'êtes pas à l'aise avec les plans.


Sources : Legifrance (Code de l'urbanisme), Service-public.fr, jurisprudences tribunaux correctionnels