Étude Géotechnique G1 et G2 : Obligations, Prix et Procédure

Temps de lecture : 11 minutes

Votre terrain est situé en zone argileuse ? Depuis la loi ELAN de 2020, une étude de sol est obligatoire avant de vendre ou de construire. Cette étude géotechnique permet d'adapter les fondations au terrain et d'éviter les fissures liées au phénomène de retrait-gonflement des argiles. Quelles sont les différences entre étude G1 et G2 ? Qui doit la payer ? Voici tout ce qu'il faut savoir pour sécuriser votre projet de construction.

Sommaire

Qu'est-ce qu'une étude géotechnique ?

L'étude géotechnique, aussi appelée étude de sol, analyse les caractéristiques du terrain pour déterminer le type de fondations adapté à votre construction. Elle identifie les risques (argiles, nappe phréatique, cavités) et propose des solutions techniques.

Les objectifs de l'étude

Objectif Ce que l'étude détermine
Nature du sol Argile, sable, roche, remblais
Portance Capacité du sol à supporter la construction
Risques RGA, inondation, glissement, cavités
Fondations Type recommandé (semelles, radier, pieux)
Drainage Gestion des eaux souterraines

Le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA)

Les sols argileux gonflent lorsqu'ils s'humidifient et se rétractent en période de sécheresse. Ces mouvements de terrain peuvent provoquer des fissures importantes dans les constructions, voire des dommages structurels graves.

Zones concernées : environ 50 % du territoire français est exposé au risque argileux. La carte des aléas est consultable sur Géorisques.gouv.fr.

Cadre légal : la loi ELAN

La loi ELAN (Évolution du Logement, de l'Aménagement et du Numérique) du 23 novembre 2018, complétée par le décret du 22 mai 2019, rend l'étude de sol obligatoire depuis le 1er janvier 2020 pour :

  • La vente d'un terrain constructible en zone d'exposition moyenne ou forte
  • La construction de maison individuelle en zone d'exposition moyenne ou forte

Les articles L112-20 à L112-25 du Code de la construction et de l'habitation précisent ces obligations.

Étude G1 vs Étude G2 : différences

Les études géotechniques sont classées en plusieurs missions définies par la norme NF P 94-500. Les deux plus courantes sont G1 et G2.

L'étude G1 PGC (étude préalable)

L'étude G1 est une étude de sol préalable réalisée sur le terrain nu. Elle permet d'identifier les risques et de définir les principes généraux de construction.

Contenu de l'étude G1 :

  • Analyse documentaire (géologie, hydrogéologie, risques)
  • Visite du site
  • Sondages de reconnaissance (1 à 3 sondages)
  • Synthèse des risques géotechniques
  • Principes généraux de construction recommandés

Durée : 1 à 2 semaines après les sondages

Qui la commande : Le vendeur du terrain, en amont de la vente

L'étude G2 PRO (étude de conception)

L'étude G2 est une étude de conception plus détaillée, adaptée au projet précis de construction. Elle intervient après l'obtention du permis de construire.

Contenu de l'étude G2 :

  • Sondages complémentaires ciblés (sous la future construction)
  • Essais en laboratoire
  • Calculs de dimensionnement des fondations
  • Plan des fondations recommandé
  • Notes de calcul

Durée : 2 à 4 semaines

Qui la commande : Le maître d'ouvrage ou le constructeur, avant le début du chantier

Tableau comparatif G1 / G2

Critère Étude G1 PGC Étude G2 PRO
Moment Avant vente terrain Après PC, avant travaux
Objectif Identifier les risques Dimensionner les fondations
Sondages 1 à 3 3 à 5
Précision Principes généraux Spécifications détaillées
Prix moyen 500-800 € 1 500-3 000 €
Obligatoire Vendeur (zone RGA) Constructeur (zone RGA)

Les autres missions géotechniques

Mission Description Usage
G1 ES Étude de site Aménagements, lotissements
G2 AVP Avant-projet Grands projets
G3 Exécution Chantiers complexes
G4 Supervision Contrôle externe
G5 Diagnostic Pathologies, sinistres

Quand l'étude de sol est-elle obligatoire ?

Zones concernées : exposition moyenne ou forte

L'étude de sol est obligatoire dans les zones où l'exposition au retrait-gonflement des argiles est moyenne ou forte. Ces zones sont définies par arrêté ministériel et cartographiées sur Géorisques.gouv.fr.

Pour vérifier votre terrain :

  1. Rendez-vous sur georisques.gouv.fr
  2. Entrez l'adresse du terrain
  3. Consultez la carte « Retrait-gonflement des argiles »
  4. Identifiez le niveau d'exposition (faible, moyen, fort)

Obligation pour le vendeur (G1)

Lors de la vente d'un terrain constructible situé en zone d'exposition moyenne ou forte, le vendeur doit fournir une étude G1 datant de moins de 30 ans.

Cette étude doit être annexée à la promesse de vente ou à l'acte authentique. À défaut, l'acquéreur peut engager la responsabilité du vendeur en cas de sinistre lié au sol.

Obligation pour le constructeur (G2)

Pour la construction d'une maison individuelle en zone d'exposition moyenne ou forte, le constructeur doit réaliser ou faire réaliser une étude G2 qui tient compte de l'implantation et des caractéristiques du bâtiment.

Cette obligation s'applique aux :

  • Contrats de construction de maison individuelle (CCMI)
  • Contrats de maîtrise d'œuvre
  • Contrats d'entreprise (marché de travaux)

Exceptions

L'étude de sol n'est pas obligatoire pour :

  • Les terrains situés en zone d'exposition faible
  • Les extensions sans modification des fondations existantes
  • Les constructions n'ayant pas d'incidence sur les fondations

Procédure et déroulement

Étape 1 : Vérifier l'exposition du terrain

Consultez la carte des aléas sur Géorisques pour connaître le niveau d'exposition de votre terrain. Si l'exposition est moyenne ou forte, l'étude est obligatoire.

Étape 2 : Choisir un bureau d'études

Faites appel à un bureau d'études géotechniques certifié. Demandez plusieurs devis et vérifiez :

  • Les références et l'expérience
  • Les qualifications (certification OPQIBI ou équivalent)
  • L'assurance responsabilité civile professionnelle

Étape 3 : Réalisation des sondages

Le géotechnicien se déplace sur le terrain avec une foreuse pour réaliser des sondages. Le nombre et la profondeur dépendent du projet :

Type sondage Profondeur Objectif
Tarière 3-5 m Nature du sol superficiel
Carottage 10-20 m Sol profond, roche
Pressiomètre Variable Résistance du sol
Pénétromètre 5-15 m Portance

Accès au terrain : Prévoyez un accès pour le véhicule de forage (mini-pelle ou foreuse sur chenilles).

Étape 4 : Analyse en laboratoire

Les échantillons prélevés sont analysés en laboratoire pour déterminer :

  • La granulométrie (taille des particules)
  • La teneur en eau
  • Les limites d'Atterberg (plasticité des argiles)
  • La cohésion et l'angle de frottement

Étape 5 : Remise du rapport

Le bureau d'études remet un rapport détaillé comprenant :

  • Description du contexte géologique
  • Résultats des sondages
  • Analyse des risques
  • Recommandations pour les fondations
  • Précautions de mise en œuvre

Ce rapport est à conserver précieusement et à transmettre au constructeur.

Étape 6 : Intégration au projet

Les préconisations de l'étude G2 sont intégrées au plan des fondations, qui fait partie des pièces techniques du projet. Le plan de masse pour permis de construire ne mentionne pas les fondations, mais celles-ci sont définies par le bureau d'études structure en lien avec l'étude géotechnique.

Prix et financement

Grille tarifaire indicative

Type d'étude Maison standard Villa grande superficie
G1 PGC 500-800 € 800-1 200 €
G2 AVP 1 000-1 500 € 1 500-2 500 €
G2 PRO 1 500-3 000 € 3 000-5 000 €

Facteurs de variation du prix

Facteur Impact sur le prix
Accessibilité du terrain +20 % si difficile
Profondeur des sondages +10-30 % si > 10 m
Nombre de sondages +15 % par sondage supplémentaire
Urgence +30 % si délai court
Région +20 % en Île-de-France

Qui paie l'étude de sol ?

Situation Payeur
Vente terrain (G1) Vendeur
Construction CCMI Constructeur (inclus ou non)
Maîtrise d'œuvre Maître d'ouvrage
Marchés de travaux Maître d'ouvrage

Attention : dans un CCMI, vérifiez si l'étude de sol est incluse dans le contrat ou facturée en supplément. Le montant peut représenter 1 000 à 3 000 € de plus.

Cas pratiques et exemples

Exemple 1 : Vente d'un terrain en zone argileuse

Situation : M. Lefebvre vend un terrain de 800 m² situé en zone d'exposition moyenne aux argiles.

Obligation : Fournir une étude G1 à l'acquéreur

Démarche :

  1. Commande auprès d'un bureau d'études : 650 €
  2. Sondages réalisés : 2 tarières à 4 m
  3. Rapport remis sous 2 semaines
  4. Annexé au compromis de vente

Résultat de l'étude :

  • Sol : argiles de surface sur 2 m, puis calcaire
  • Risque RGA : confirmé (argile plastique)
  • Recommandation : fondations superficielles renforcées ou semi-profondes

Exemple 2 : Construction maison CCMI en zone forte

Situation : Famille Martin fait construire une maison de 140 m² en zone d'exposition forte.

Obligations :

  • G1 fournie par le vendeur (déjà réalisée)
  • G2 PRO à la charge du constructeur (CCMI)

Résultat de l'étude G2 :

  • Préconisation : radier général sur sol stabilisé
  • Surcoût fondations : +15 000 € par rapport à des semelles classiques
  • Ce surcoût doit être intégré au contrat initial

Impact sur le permis de construire :
L'étude G2 n'est pas une pièce du dossier de permis de construire, mais elle conditionne la conception des fondations.

Exemple 3 : Extension sur terrain argileux

Situation : Mme Durand veut créer une extension de 20 m² sur sa maison existante, terrain en zone moyenne.

Analyse :

  • L'extension nécessite de nouvelles fondations
  • Le terrain est en zone d'exposition moyenne
  • L'étude G2 est recommandée (pas obligatoire pour extension simple)

Recommandation : réaliser une étude G2 pour dimensionner les fondations de l'extension et s'assurer qu'elles n'affecteront pas la maison existante.

Coût : environ 1 200 € pour une étude ciblée

Erreurs à éviter

Erreur n°1 : Construire sans étude en zone obligatoire

En zone d'exposition moyenne ou forte, l'absence d'étude de sol expose à :

  • Refus de garantie décennale par l'assureur
  • Sinistres non indemnisés (fissures, désordres structurels)
  • Responsabilité du constructeur et du maître d'ouvrage

Erreur n°2 : Confondre G1 et G2

L'étude G1 ne suffit pas pour concevoir les fondations. Elle identifie les risques mais ne dimensionne pas. L'étude G2 PRO est indispensable avant les travaux pour adapter les fondations au projet précis.

Erreur n°3 : Ignorer les recommandations

Le rapport d'étude géotechnique contient des préconisations précises. Les ignorer pour réduire les coûts est risqué : des fondations inadaptées peuvent entraîner des sinistres coûtant 10 à 100 fois le prix de l'étude.

Erreur n°4 : Réaliser l'étude G2 trop tard

L'étude G2 doit être réalisée avant les travaux de fondations, idéalement avant le dépôt du permis de construire pour intégrer les éventuels surcoûts au budget. Une étude réalisée en cours de chantier peut révéler des problèmes nécessitant une modification du projet.

Erreur n°5 : Choisir un bureau non qualifié

Un bureau d'études non certifié peut produire une étude insuffisante ou erronée. Vérifiez les qualifications OPQIBI et l'assurance RC professionnelle avant de signer.

Questions fréquentes

Dans quelles zones l’étude de sol est-elle obligatoire ?

L'étude de sol est obligatoire dans les zones d'exposition moyenne ou forte au retrait-gonflement des argiles (RGA). Ces zones couvrent environ 50 % du territoire français. Pour connaître l'exposition de votre terrain, consultez la carte des aléas sur Géorisques.gouv.fr en entrant l'adresse. Si l'exposition est faible, l'étude n'est pas obligatoire mais reste recommandée.

Quelle est la différence entre étude G1 et G2 ?

L'étude G1 est une étude préalable qui identifie les risques géotechniques et définit les principes généraux de construction. Elle est réalisée sur le terrain nu et coûte 500 à 800 €. L'étude G2 est une étude de conception adaptée au projet précis. Elle dimensionne les fondations avec des calculs détaillés et coûte 1 500 à 3 000 €. La G1 est fournie par le vendeur, la G2 par le constructeur.

Quel est le prix d’une étude de sol G1 loi ELAN ?

Une étude de sol G1 PGC conforme à la loi ELAN coûte entre 500 et 800 € pour un terrain standard. Le prix peut atteindre 1 000 à 1 200 € pour un terrain de grande superficie ou difficile d'accès. Ce tarif inclut généralement 1 à 3 sondages, l'analyse documentaire et le rapport. Demandez plusieurs devis pour comparer.

Qui doit payer l’étude de sol : vendeur ou acheteur ?

En zone d'exposition moyenne ou forte, l'étude G1 est à la charge du vendeur du terrain. Elle doit être annexée au compromis de vente. L'étude G2 est à la charge du maître d'ouvrage (ou incluse dans le contrat constructeur en CCMI). Si le vendeur ne fournit pas l'étude G1, l'acquéreur peut la réaliser aux frais du vendeur ou obtenir une réduction du prix.

Quelle est la durée de validité d’une étude géotechnique ?

L'étude G1 fournie lors de la vente d'un terrain a une validité de 30 ans selon la loi ELAN. Toutefois, si des modifications importantes du terrain sont intervenues (remblais, excavations, modification du drainage), une nouvelle étude peut être nécessaire. L'étude G2, plus détaillée, est généralement valide tant que le projet n'est pas modifié significativement.

Conclusion

L'étude géotechnique est devenue incontournable pour construire en zone argileuse. Elle sécurise votre projet en adaptant les fondations aux caractéristiques réelles du terrain.

Les points clés à retenir :

  1. Vérifiez l'exposition de votre terrain sur Géorisques.gouv.fr
  2. Exigez la G1 du vendeur si vous achetez un terrain en zone moyenne ou forte
  3. Faites réaliser la G2 avant les travaux pour dimensionner les fondations
  4. Intégrez le surcoût éventuel des fondations dans votre budget initial
  5. Conservez le rapport pour votre assurance et la revente

Pour les projets soumis à permis de construire, l'étude géotechnique complète utilement l'étude thermique et l'éventuelle étude d'impact selon la nature du projet.

Le délai d'instruction du permis n'est pas impacté par l'étude de sol, mais celle-ci doit être réalisée avant le début des travaux pour éviter les mauvaises surprises. Une fois le certificat de non-opposition obtenu et la durée de validité du permis lancée, vous disposez de 3 ans pour commencer les travaux dans de bonnes conditions.


Sources : Legifrance (Articles L112-20 à L112-25 CCH, Loi ELAN), Géorisques.gouv.fr, Norme NF P 94-500