Voisinage & Conflits

Clôture entre Voisins : Hauteur Maximale Autorisée

Clôture entre Voisins : Quelle Hauteur Maximale Autorisée ?

Temps de lecture : 8 minutes

Vous souhaitez installer une clôture pour délimiter votre propriété et préserver votre intimité. Mais quelle hauteur pouvez-vous atteindre sans demander d'autorisation ? Les règles varient selon que vous êtes en limite séparative ou en façade sur rue, selon le PLU de votre commune et selon que vous êtes en secteur protégé. Un mur de clôture trop haut peut être contesté par votre voisin ou la mairie, entraînant une obligation de démolition. Cet article vous explique les hauteurs maximales autorisées, les démarches à accomplir, et comment éviter les litiges.

Sommaire

Les hauteurs maximales selon la loi

Le Code civil : la règle par défaut

L'article 663 du Code civil fixe les hauteurs maximales des murs de clôture en l'absence de réglementation locale :

Type de commune Hauteur maximale
Villes ≥ 50 000 habitants 3,20 mètres
Autres communes 2,60 mètres

Ces hauteurs s'appliquent uniquement si votre commune n'a pas adopté de règles différentes dans son PLU (Plan Local d'Urbanisme) ou son règlement municipal.

Le PLU : des règles souvent plus restrictives

La plupart des communes ont fixé des hauteurs de clôture dans leur PLU, généralement plus basses que le Code civil :

  • En limite séparative (entre propriétés) : souvent 2 m maximum
  • En limite de voie publique : souvent 1,20 m à 1,80 m pour la visibilité
  • En angle de rue : parfois limité à 1 m pour la sécurité routière

Le PLU peut également imposer :

  • Des matériaux spécifiques (interdiction du béton brut, obligation de végétaliser)
  • Des coloris (enduit ton pierre, bois naturel)
  • Un ratio plein/ajouré (grillage obligatoire au-dessus d'un muret de 80 cm)

Consultez le règlement de zone de votre commune avant tout projet de clôture.

Les secteurs protégés : contraintes renforcées

Dans les zones suivantes, les clôtures sont soumises à des règles plus strictes :

  • Périmètre de monument historique : avis de l'ABF obligatoire
  • Site inscrit ou classé : autorisation spéciale requise
  • Lotissement : le cahier des charges peut imposer des prescriptions (hauteur, matériaux, couleurs)

Dans ces secteurs, même une clôture de 1,50 m peut nécessiter une déclaration préalable.

Clôture mitoyenne vs clôture séparative

La clôture mitoyenne est située exactement sur la limite, propriété commune des deux voisins. Toute modification requiert l'accord des deux. La clôture séparative privatise est entièrement sur votre terrain, légèrement en retrait de la limite — vous êtes seul décisionnaire, mais vous devez respecter les hauteurs réglementaires.

L'article 663 du Code civil permet à tout propriétaire d'obliger son voisin à contribuer à la construction d'un mur mitoyen (jusqu'à 3,20 m ou 2,60 m selon la taille de la commune). Cette « clôture forcée » est rarement utilisée mais reste une possibilité légale.

Faut-il une autorisation pour une clôture ?

La déclaration préalable de clôture

Une déclaration préalable est obligatoire dans les cas suivants :

  1. Le PLU l'exige : de nombreuses communes imposent une déclaration pour toutes les clôtures
  2. La commune a instauré le régime déclaratif : certaines communes soumettent toutes les clôtures à déclaration
  3. Secteur protégé : zone ABF, site inscrit/classé, périmètre monument historique
  4. Hauteur supérieure au seuil : généralement > 2 m

Hors de ces cas, aucune déclaration n'est requise — mais la clôture doit tout de même respecter les règles du PLU et du Code civil.

Le dossier de déclaration préalable

Pour une clôture nécessitant autorisation, le dossier comprend :

Le délai d'instruction est d'1 mois (2 mois en secteur ABF). À défaut de réponse, la non-opposition est tacite.

Les hauteurs sans autorisation

En dehors des secteurs protégés et des communes ayant instauré le régime déclaratif, une clôture peut être édifiée librement si :

  • Elle respecte la hauteur maximale du PLU (ou du Code civil à défaut)
  • Elle n'empiète pas sur le domaine public
  • Elle ne crée pas de danger (visibilité en angle de rue)

Dans ce cas, pas de formulaire à remplir — mais conservez les factures et photos en cas de contestation ultérieure.

Cas pratiques et exemples

Exemple 1 : Grillage rigide de 1,80 m en zone résidentielle

Situation : Vous installez un grillage rigide de 1,80 m sur poteaux métalliques entre votre jardin et celui du voisin. Le PLU limite les clôtures séparatives à 2 m.

Analyse : 1,80 m < 2 m → conforme au PLU. Pas en secteur protégé → pas de déclaration obligatoire.

Conseil : Vérifiez que la commune n'a pas instauré de régime déclaratif pour les clôtures. Implantez le grillage légèrement en retrait de la limite (10-20 cm) pour éviter tout litige sur l'empiètement.

Exemple 2 : Mur de clôture de 2,20 m en secteur ABF

Situation : Votre terrain est dans le périmètre de protection d'une église classée. Vous souhaitez édifier un mur de clôture de 2,20 m pour vous protéger du bruit de la rue.

Analyse : Secteur ABF → déclaration préalable obligatoire avec avis de l'ABF. Hauteur de 2,20 m → potentiellement refusée si le PLU limite à 2 m ou si l'ABF juge la hauteur excessive.

Résultat probable : L'ABF peut accepter à condition d'un enduit ton pierre, d'un couronnement traditionnel, ou limiter la hauteur à 1,80 m. Délai : 2 mois minimum.

Exemple 3 : Palissade bois occultante ajoutée sur muret existant

Situation : Un muret de 80 cm existe en limite. Vous ajoutez une palissade bois de 1,20 m pour occulter. Hauteur totale : 2 m.

Analyse : La hauteur totale (muret + palissade) compte. Si le PLU autorise 2 m, vous êtes conforme. Si le PLU impose un grillage ajouré au-dessus de 1 m, la palissade occultante peut être refusée.

Conseil : Vérifiez les prescriptions du PLU sur les matériaux et le ratio plein/ajouré. Un géomètre peut confirmer que le muret est bien sur votre terrain.

Erreurs à éviter

Erreur 1 : Ignorer le PLU

Le Code civil autorise jusqu'à 3,20 m, mais la plupart des PLU limitent à 2 m. Construire un mur de 2,50 m en pensant être dans son droit expose à une obligation de démolition. Consultez TOUJOURS le règlement de zone avant de commencer.

Erreur 2 : Empiéter sur le terrain du voisin

Une clôture doit être entièrement sur votre terrain (sauf mur mitoyen par accord). Un empiètement, même de quelques centimètres, peut entraîner une action en démolition. En cas de doute, faites réaliser un bornage par un géomètre-expert.

Erreur 3 : Confondre hauteur de clôture et hauteur totale

La hauteur se mesure depuis le sol du terrain le plus bas. Si votre terrain est surélevé de 50 cm par rapport au voisin, un mur de 1,50 m chez vous fait 2 m vu du voisin. C'est cette hauteur totale qui compte.

Erreur 4 : Oublier le portail et le portillon

L'installation d'un portail nécessite souvent une déclaration préalable, même si la clôture elle-même n'en requiert pas. Un portail modifie l'aspect extérieur et crée un accès sur la voie publique. Les règles de recul et de visibilité s'appliquent.

Erreur 5 : Négliger l'accord du voisin pour une clôture mitoyenne

Si vous souhaitez construire exactement sur la limite (mur mitoyen), l'accord du voisin est nécessaire. Sans accord, construisez légèrement en retrait. Un mur construit sur la limite sans accord peut être qualifié d'empiètement.

Questions fréquentes

Quelle est la hauteur de clôture autorisée sans déclaration ?

Cela dépend de votre commune. Si elle n'a pas instauré de régime déclaratif pour les clôtures et que vous n'êtes pas en secteur protégé, vous pouvez construire librement jusqu'à la hauteur maximale du PLU (généralement 2 m en limite séparative). Attention : même sans déclaration obligatoire, vous devez respecter les règles de hauteur, matériaux et implantation du PLU et du Code civil.

Combien coûte une clôture au mètre linéaire ?

Les prix varient selon le type de clôture : grillage simple (15-30 €/ml), grillage rigide sur poteaux (40-80 €/ml), palissade bois (60-150 €/ml), mur de clôture parpaing (150-300 €/ml), mur en pierre (250-500 €/ml). Ces prix incluent la fourniture et la pose. Un portail ajoute 500 à 3 000 € selon le modèle. Une déclaration préalable coûte 0 € (gratuit) mais peut nécessiter un plan de masse professionnel (100-300 €).

Peut-on mettre une clôture sans accord du voisin ?

Oui, si la clôture est entièrement sur votre terrain (clôture séparative privative). Implantez-la quelques centimètres en retrait de la limite pour éviter tout litige. Pour une clôture mitoyenne (exactement sur la limite, propriété commune), l'accord du voisin est nécessaire. Le voisin peut également vous obliger à participer à la construction d'un mur mitoyen selon l'article 663 du Code civil.

Mon voisin peut-il contester ma clôture ?

Oui, si la clôture viole les règles : hauteur excessive, empiètement sur son terrain, non-respect du PLU, absence de déclaration préalable quand elle est obligatoire. Le voisin peut saisir le tribunal judiciaire pour trouble de voisinage (perte de lumière excessive) ou la mairie pour signaler l'infraction urbanistique. Les exemples de plan de masse montrent comment documenter correctement l'implantation.

Faut-il une déclaration préalable pour une clôture grillagée ?

Pas systématiquement. Une clôture grillagée de moins de 2 m ne nécessite généralement pas de déclaration, sauf si : (1) la commune a instauré un régime déclaratif pour toutes les clôtures, (2) vous êtes en secteur protégé (ABF, monument historique), (3) le PLU l'exige. Pour une extension de 20 m², la clôture peut être incluse dans la même déclaration si elle modifie l'aspect de la propriété.

Quelle distance entre une clôture et la limite de propriété ?

Une clôture séparative privative doit être entièrement sur votre terrain. Pour éviter les contestations, implantez-la à 5-10 cm de la limite réelle. Une clôture mitoyenne (par accord des deux voisins) peut être exactement sur la limite. Le plan de masse coté doit indiquer précisément la distance à la limite. L'isolation extérieure peut également impacter la position des clôtures existantes.

Conclusion

La hauteur de clôture autorisée dépend avant tout du PLU de votre commune — généralement 2 m en limite séparative, moins en façade sur rue. Le Code civil (3,20 m ou 2,60 m) ne s'applique qu'en l'absence de règle locale, ce qui est rare.

Avant d'installer une clôture, consultez le règlement de zone du PLU et vérifiez si une déclaration préalable est obligatoire. En secteur protégé (ABF, monument historique, lotissement), une autorisation est toujours requise, avec des délais d'instruction plus longs.

Pour éviter les conflits de voisinage, implantez votre clôture légèrement en retrait de la limite (sauf mur mitoyen par accord), respectez les hauteurs maximales, et documentez votre implantation avec un plan de masse conforme. Un investissement de quelques centaines d'euros dans un relevé de géomètre peut éviter des années de litige.

En cas de doute sur les règles applicables, demandez un certificat d'urbanisme en mairie : il vous indiquera les contraintes de votre terrain et cristallisera les règles pendant 18 mois.


Sources : Legifrance (Code civil article 663, Code de l'urbanisme), Service-public.fr