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Surface d’Abri de Jardin Sans Permis : Les Seuils à Connaître

Quelle Surface d'Abri de Jardin Sans Permis de Construire ?

Temps de lecture : 11 minutes

Un abri de jardin pour ranger vos outils, stocker le bois ou abriter votre tondeuse : le projet semble simple. Pourtant, la question de l'autorisation revient systématiquement. Jusqu'à quelle surface peut-on construire un abri de jardin sans permis ? La réponse dépend de l'emprise au sol, de la surface de plancher créée et de la zone où se situe votre terrain. En dessous de 5 m², aucune formalité n'est requise (sauf secteur protégé). Entre 5 et 20 m², une déclaration préalable suffit. Au-delà, c'est le permis de construire qui s'impose. Cet article vous explique comment calculer la surface de plancher de votre abri, quels seuils s'appliquent selon votre situation, et comment éviter les erreurs qui peuvent coûter cher.

Sommaire

Les seuils de surface pour les abris de jardin

Le tableau des autorisations

L'article R421-2 du Code de l'urbanisme définit les seuils de dispense de formalité. L'article R421-9 fixe les seuils de déclaration préalable. Voici le tableau récapitulatif pour un abri de jardin :

Surface de plancher OU emprise au sol Autorisation requise
≤ 5 m² ET hauteur ≤ 12 m Aucune formalité
> 5 m² et ≤ 20 m² Déclaration préalable
> 20 m² Permis de construire

Attention : ces seuils s'appliquent en zone ordinaire. En secteur protégé (périmètre ABF, site classé, réserve naturelle), toute construction nécessite une autorisation, même pour un abri de 3 m².

Le critère de l'emprise au sol OU de la surface de plancher

Le Code de l'urbanisme utilise deux critères alternatifs : l'emprise au sol OU la surface de plancher. Il suffit qu'un seul de ces critères dépasse le seuil pour déclencher l'autorisation supérieure.

L'emprise au sol est la projection verticale du volume de la construction, tous débords et surplombs inclus. Pour un abri de jardin, c'est généralement la surface au sol de l'abri, y compris le débord de toiture s'il dépasse.

La surface de plancher (SDP) est la somme des surfaces de tous les niveaux clos et couverts, calculée depuis le nu intérieur des murs de façade, après déduction des surfaces de hauteur inférieure à 1,80 m. Pour un abri de jardin de plain-pied, SDP ≈ surface intérieure.

En pratique, pour un abri de jardin classique, emprise au sol et surface de plancher sont très proches. Un abri de 12 m² d'emprise au sol a généralement une surface de plancher légèrement inférieure (épaisseur des murs déduite).

Les seuils spécifiques en zone U avec PLU

En zone urbaine (zone U) d'un PLU, les seuils sont différents pour les extensions d'un bâtiment existant. Le seuil de déclaration préalable est relevé à 40 m² si :

  • L'extension est accolée à un bâtiment existant
  • La surface totale après travaux reste inférieure à 150 m²

Mais attention : un abri de jardin indépendant (non accolé) ne bénéficie pas de ce seuil relevé. Il reste soumis au seuil de 20 m² pour le permis de construire.

Pour une extension de 20 m², les règles sont différentes si l'extension est accolée à la maison.

L'exception du secteur protégé

Dans les secteurs suivants, aucune construction n'est dispensée de formalité :

  • Périmètre de protection des monuments historiques (500 m)
  • Site inscrit ou classé
  • Réserve naturelle
  • Secteur sauvegardé ou AVAP

Même un abri de 4 m² nécessite une déclaration préalable. L'avis de l'ABF est requis et peut entraîner un refus ou des prescriptions (matériaux, couleurs, implantation).

Comment calculer la surface de plancher

La méthode de calcul légale

L'article R111-22 du Code de l'urbanisme définit la surface de plancher. Pour calculer la SDP de votre abri de jardin :

  1. Mesurez les dimensions intérieures (depuis le nu intérieur des murs de façade)
  2. Déduisez les surfaces de hauteur < 1,80 m (sous les pentes de toit par exemple)
  3. Le résultat est la surface de plancher

Exemple : Un abri de 4 m × 3 m avec des murs de 10 cm d'épaisseur.

  • Dimensions extérieures : 4 m × 3 m = 12 m² (emprise au sol)
  • Dimensions intérieures : 3,80 m × 2,80 m = 10,64 m² (surface de plancher)

Si cet abri a un toit en pente et que 2 m² sont sous les 1,80 m de hauteur :

  • SDP = 10,64 – 2 = 8,64 m²

Surface de plancher vs emprise au sol

Pour un abri de jardin, le critère le plus pénalisant est généralement l'emprise au sol, car elle inclut les débords de toiture.

Élément Emprise au sol Surface de plancher
Murs extérieurs Inclus Exclus
Débord de toiture Inclus si > 1 m Exclus
Espace < 1,80 m Inclus Exclus
Terrasse couverte Inclus Selon cas

Un abri de jardin avec 50 cm de débord de toiture sur chaque côté a une emprise au sol supérieure de 1 m × périmètre. Calculez les deux surfaces et retenez la plus élevée pour déterminer l'autorisation requise.

La surface habitable vs surface de plancher est une distinction importante pour les habitations, mais moins pertinente pour un abri de jardin.

Les combles d'un abri de jardin

Si votre abri de jardin dispose d'un espace sous toiture exploitable (mezzanine de rangement par exemple), cet espace compte dans la surface de plancher s'il dépasse 1,80 m de hauteur.

Les combles aménageables sont concernés par les mêmes règles de calcul. Un abri avec une mezzanine de 8 m² à plus de 1,80 m de hauteur ajoute 8 m² à la SDP.

L'impact sur le seuil de 150 m²

Le seuil de 150 m² pour l'architecte s'applique à la surface totale après travaux (maison + projet). Pour un abri de jardin :

  • Maison de 145 m² + abri de 10 m² = 155 m² → architecte obligatoire si permis de construire requis
  • Maison de 145 m² + abri de 4 m² = 149 m² → pas d'architecte

En pratique, pour un abri de jardin de moins de 20 m², le permis de construire n'est pas requis, donc la question de l'architecte ne se pose pas.

Exemples concrets de calcul

Exemple 1 : Abri de 4 m² sans formalité

Situation : M. Martin veut installer un abri de jardin métallique préfabriqué de 2 m × 2 m (4 m² d'emprise au sol) dans son jardin en zone UB.

Calcul :

  • Emprise au sol : 2 × 2 = 4 m²
  • Surface de plancher : ≈ 3,6 m² (après déduction murs)
  • Hauteur : 2,20 m au faîtage

Analyse : 4 m² ≤ 5 m² ET hauteur ≤ 12 m → aucune formalité requise (article R421-2).

Conseil : Même sans formalité, l'abri doit respecter les règles d'implantation du PLU (distance aux limites). Vérifiez l'article 7 du règlement de zone.

Exemple 2 : Abri de 12 m² avec déclaration préalable

Situation : Mme Dupont souhaite construire un abri en bois de 4 m × 3 m avec 50 cm de débord de toiture.

Calcul :

  • Dimensions intérieures : 3,80 m × 2,80 m = 10,64 m² (SDP)
  • Emprise au sol avec débords : 5 m × 4 m = 20 m²

Analyse : L'emprise au sol atteint exactement 20 m². Le seuil de déclaration préalable est "≤ 20 m²", donc une déclaration préalable suffit.

Attention : Si l'emprise au sol dépassait 20 m² (par exemple 20,5 m²), un permis de construire serait obligatoire. Réduisez les débords si nécessaire pour rester sous le seuil.

Exemple 3 : Abri en secteur ABF

Situation : Un propriétaire veut installer un abri de 6 m² à 400 m d'une église classée (périmètre ABF).

Analyse : En secteur protégé, aucune dispense de formalité. Même pour 6 m², une déclaration préalable est obligatoire avec avis de l'ABF.

Résultat possible : L'ABF peut accepter si l'abri n'est pas visible depuis le monument, ou imposer des prescriptions (bois naturel, couleur enduit pierre, toiture tuiles). Il peut aussi refuser si l'implantation crée une co-visibilité.

Coût supplémentaire : délai d'instruction majoré (2 mois au lieu d'1 mois).

Exemple 4 : Surface cumulée de plusieurs abris

Situation : Un propriétaire possède déjà un abri de 8 m² et veut en construire un deuxième de 10 m².

Règle : Chaque construction est évaluée individuellement. Le deuxième abri de 10 m² (entre 5 et 20 m²) nécessite une déclaration préalable, indépendamment de l'abri existant.

Attention : Le PLU peut fixer une emprise au sol maximale pour les annexes. Si le règlement limite les annexes à 30 m² et que vous avez déjà 8 m², vous ne pouvez ajouter que 22 m² maximum.

Erreurs à éviter

Erreur 1 : Confondre emprise au sol et surface de plancher

Les deux notions sont différentes. Un abri avec de grands débords de toiture peut avoir une emprise au sol de 22 m² pour une surface de plancher de seulement 15 m². C'est l'emprise au sol qui déclenche le permis de construire dans ce cas.

Pour une terrasse couverte, la distinction est également importante.

Erreur 2 : Oublier de vérifier le PLU

Le PLU peut imposer des règles plus strictes que le Code de l'urbanisme :

  • Emprise au sol maximale des annexes (souvent 20 ou 30 m² cumulés)
  • Distance minimale aux limites séparatives
  • Hauteur maximale
  • Matériaux et couleurs imposés

Un abri de 5 m² dispensé de formalité reste soumis aux règles du PLU. Un contrôle peut vous obliger à le démolir s'il viole ces règles.

Erreur 3 : Construire en limite sans vérifier

Beaucoup de PLU autorisent les constructions annexes en limite séparative si leur hauteur est inférieure à un seuil (souvent 2,50 m ou 3 m). Mais certains PLU imposent un retrait systématique. Vérifiez avant d'implanter votre abri contre la clôture.

Erreur 4 : Négliger la taxe d'aménagement

Même avec une simple déclaration préalable, vous serez redevable de la taxe d'aménagement sur la surface créée. Pour un abri de 15 m² avec un taux global de 5 % :

  • Taxe = 15 × 914 × 5 % = 686 €

Cette taxe est due même pour un petit abri de jardin. Seules les constructions de moins de 5 m² (dispensées de formalité) échappent à la taxe.

Pour le coût d'une extension au m², la taxe d'aménagement est un poste souvent oublié.

Erreur 5 : Dépasser le seuil de 20 m² par erreur

Un abri de jardin de 20,5 m² d'emprise au sol nécessite un permis de construire (délai 2-3 mois) au lieu d'une simple déclaration préalable (délai 1 mois). Pour quelques centimètres, vous perdez du temps et de l'énergie. Dimensionnez votre projet pour rester sous les seuils.

Si vous dépassez par erreur, vous devrez régulariser une extension non autorisée.

Questions fréquentes

Quelle surface d’abri de jardin sans autorisation ?

Un abri de jardin de moins de 5 m² d'emprise au sol ET de surface de plancher, avec une hauteur inférieure à 12 m, ne nécessite aucune autorisation d'urbanisme en zone ordinaire (article R421-2 du Code de l'urbanisme). En secteur protégé (ABF, site classé), une déclaration préalable reste obligatoire quelle que soit la surface. L'abri doit néanmoins respecter les règles du PLU (implantation, matériaux).

Quelle surface maximum pour une déclaration préalable ?

Pour un abri de jardin indépendant (non accolé à un bâtiment existant), la déclaration préalable s'applique jusqu'à 20 m² d'emprise au sol ou de surface de plancher. Au-delà, un permis de construire est obligatoire. En zone U avec PLU, pour une construction accolée à un bâtiment existant, le seuil est relevé à 40 m² si le total après travaux reste inférieur à 150 m². Mais cette exception ne s'applique pas aux abris indépendants.

Un abri de jardin en kit nécessite-t-il une autorisation ?

Oui, les mêmes règles s'appliquent qu'il s'agisse d'un abri en kit ou construit sur mesure. La nature de la construction (préfabriquée ou non) n'a aucune incidence sur l'autorisation requise. Seuls comptent l'emprise au sol, la surface de plancher et la hauteur. Un abri en kit de 12 m² nécessite une déclaration préalable, comme tout autre abri de cette surface. Certains vendeurs l'oublient — ne vous fiez pas aux mentions "sans formalité" sur les catalogues.

Le garage compte-t-il comme un abri de jardin ?

Non, le garage et l'abri de jardin sont des constructions distinctes, mais ils suivent les mêmes seuils d'autorisation. Un garage double ou triple de 30 m² nécessite un permis de construire, tout comme un abri de jardin de 30 m². La distinction porte sur la destination (stationnement vs rangement) et peut avoir des incidences fiscales (taxe d'aménagement, taxe foncière). Pour une construction au-dessus du garage, les règles sont différentes.

Quelle surface de hangar agricole sans permis ?

Pour les constructions à usage agricole, les seuils sont différents. Un hangar agricole sans permis peut atteindre 20 m² en déclaration préalable, mais le seuil d'architecte est relevé à 800 m² (au lieu de 150 m² pour les particuliers). Les bâtiments agricoles bénéficient également d'exonérations de taxe d'aménagement sous conditions. Ces règles s'appliquent uniquement aux exploitants agricoles sur des parcelles à usage agricole.

Peut-on construire un abri de jardin en limite de propriété ?

Cela dépend du PLU de votre commune. De nombreux PLU autorisent les constructions annexes en limite séparative si leur hauteur ne dépasse pas un seuil (généralement 2,50 à 3 m au faîtage). D'autres imposent un retrait systématique (souvent 3 m). Vérifiez l'article 7 du règlement de zone. En l'absence de PLU (RNU), la règle générale impose un retrait égal à la moitié de la hauteur, avec un minimum de 3 m. Un abri en ossature bois suit les mêmes règles.

Conclusion

La surface d'abri de jardin sans permis est de 5 m² maximum — en dessous de ce seuil et avec une hauteur inférieure à 12 m, aucune formalité n'est requise. Entre 5 et 20 m², une simple déclaration préalable suffit. Au-delà de 20 m², le permis de construire devient obligatoire.

Ces seuils s'apprécient sur l'emprise au sol OU la surface de plancher — retenez le critère le plus pénalisant. N'oubliez pas les débords de toiture dans le calcul de l'emprise au sol.

En secteur protégé (ABF, site classé), aucune dispense ne s'applique : même un abri de 3 m² nécessite une déclaration préalable avec avis de l'Architecte des Bâtiments de France.

Avant de construire, vérifiez également les règles du PLU : emprise au sol maximale des annexes, distance aux limites, hauteur maximale, matériaux imposés. Un abri dispensé de formalité reste soumis à ces règles et peut faire l'objet d'un contrôle.

Pour une surélévation partielle ou une extension de 40 m², les règles sont différentes et plus complexes.


Sources : Legifrance (Code de l'urbanisme articles R421-2, R421-9, R111-22), Service-public.fr