Test d'Infiltrométrie : Mesurer l'Étanchéité à l'Air de Votre Construction

Temps de lecture : 12 minutes

Votre maison neuve est presque terminée et on vous parle de test d'infiltrométrie ? Ce test, aussi appelé "blower door", mesure l'étanchéité à l'air de votre construction. Obligatoire depuis la RT2012 pour les maisons individuelles neuves, il conditionne l'obtention de l'attestation thermique indispensable à votre DAACT. Un test raté peut bloquer votre projet pendant plusieurs semaines. Voici comment fonctionne ce test, quand le programmer et comment maximiser vos chances de le réussir du premier coup.

Qu'est-ce que le test d'infiltrométrie ?

Le test d'infiltrométrie, officiellement appelé mesure de la perméabilité à l'air, évalue la quantité d'air qui s'infiltre dans un bâtiment à travers son enveloppe (murs, toiture, menuiseries, jonctions).

Le principe du blower door

Le test utilise un dispositif appelé "blower door" (porte soufflante en français). Un ventilateur calibré est installé dans l'encadrement d'une porte ou d'une fenêtre, créant une différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur du bâtiment.

En dépression : le ventilateur aspire l'air intérieur, créant une pression négative. L'air extérieur s'infiltre par les défauts d'étanchéité.

En surpression : le ventilateur souffle de l'air dans le bâtiment. L'air intérieur s'échappe par les fuites.

L'opérateur mesure le débit d'air nécessaire pour maintenir une différence de pression de 4 Pascals (Pa) et 50 Pascals. Ces mesures permettent de calculer le coefficient d'étanchéité.

Pourquoi l'étanchéité à l'air est importante

Une bonne étanchéité à l'air apporte plusieurs bénéfices :

Économies d'énergie : moins de déperditions thermiques par les infiltrations
Confort : suppression des courants d'air froid
Qualité de l'air : la ventilation mécanique contrôle les flux d'air, pas les fuites parasites
Pérennité du bâti : moins de risques de condensation dans les parois

L'étanchéité à l'air est l'un des piliers de la performance énergétique mesurée par l'attestation Bbio et l'attestation RT (qu'il s'agisse de l'attestation RT2012 ou de l'attestation RE2020).

Cadre réglementaire

Le test d'infiltrométrie est encadré par :

L'arrêté du 26 octobre 2010 pour la RT2012
Le décret n°2021-1004 et l'arrêté du 4 août 2021 pour la RE2020
La norme NF EN ISO 9972 pour la méthode de mesure
Le référentiel Qualibat et les accréditations COFRAC pour la certification des opérateurs

Quand ce test est-il obligatoire ?

Constructions neuves soumises à la RT2012

Pour les permis de construire déposés entre janvier 2013 et décembre 2021, le test d'infiltrométrie est obligatoire pour :

Les maisons individuelles neuves
Les logements collectifs neufs
Les extensions de plus de 50 m² ou représentant plus de 30% de l'existant

Sans ce test, impossible d'obtenir l'attestation thermique DAACT nécessaire pour clore votre dossier d'urbanisme.

Constructions neuves soumises à la RE2020

Depuis janvier 2022, la RE2020 maintient et renforce l'obligation. Le test d'infiltrométrie est requis pour :

Toutes les maisons individuelles neuves
Tous les logements collectifs neufs
Les bureaux et bâtiments d'enseignement (depuis juillet 2022)
Les extensions importantes (> 50 m² et > 30% de l'existant depuis janvier 2023)

L'attestation RE2020 de fin de chantier ne peut être délivrée sans le rapport de test d'étanchéité conforme.

Cas où le test n'est pas obligatoire

Type de projet	Test obligatoire
Extension < 50 m²	Non
Extension < 30% existant et < 100 m²	Non
Rénovation	Non (sauf BBC rénovation)
Garage non chauffé	Non
Abri de jardin	Non
Piscine	Non

Pour une extension de 20 m², le test d'infiltrométrie n'est généralement pas requis car ce type d'extension relève de la RT2012 élément par élément.

Alternative : la démarche qualité

En RT2012 uniquement, une alternative au test unitaire existe : la démarche qualité agréée. Le constructeur peut faire certifier son processus de construction par un organisme accrédité. Dans ce cas, seul un échantillon de maisons est testé (environ 10%). Cette option concerne principalement les constructeurs de maisons individuelles réalisant plusieurs dizaines de constructions par an.

En RE2020, le test individuel redevient obligatoire pour chaque bâtiment.

Comment se déroule le test ?

Avant le test : préparation du bâtiment

L'opérateur vous contacte généralement quelques jours avant pour vérifier l'état d'avancement du chantier et vous donner les consignes de préparation :

À fermer impérativement :

Toutes les fenêtres et portes extérieures
Les trappes d'accès (combles, vide sanitaire)
Les conduits de cheminée (obturateur ou ballon)
Les VMC et extracteurs (scotchés ou bouchés)

À laisser ouvert :

Les portes intérieures
Les trappes de visite des gaines techniques

Le jour du test

L'opérateur arrive avec son matériel : le ventilateur calibré, le cadre souple, les manomètres et l'enregistreur de données.

Installation (30-45 minutes)

Mise en place du cadre dans une porte extérieure
Installation du ventilateur
Raccordement des capteurs de pression
Vérification de l'étanchéité de l'installation

Mesures (45-60 minutes)

Test en dépression : plusieurs points de mesure entre 10 et 70 Pa
Test en surpression : mêmes points de mesure
Calcul du débit de fuite moyen à 4 Pa (Q4Pa-surf) et à 50 Pa (n50)

Recherche de fuites (optionnelle)
Si les valeurs sont hors norme, l'opérateur peut rechercher les fuites :

À la main (sensation du flux d'air)
Avec un anémomètre
Avec un fumigène
À la caméra thermique

Le rapport de test

L'opérateur vous remet un rapport officiel comprenant :

Les conditions météorologiques lors du test
Les caractéristiques du bâtiment (surface, volume)
Les résultats des mesures (Q4Pa-surf, n50)
La conformité ou non-conformité aux exigences réglementaires
Les photos du dispositif et des éventuelles fuites détectées

Ce rapport est la pièce indispensable pour obtenir l'attestation DAACT thermique.

Les valeurs à respecter

Exigences RT2012

Type de bâtiment	Q4Pa-surf max	n50 max
Maison individuelle	0,6 m³/(h.m²)	~2,5 vol/h
Logement collectif	1,0 m³/(h.m²)	~4,0 vol/h

Le Q4Pa-surf est la valeur de référence en France. Elle exprime le débit de fuite par m² de surface déperditive sous une pression de 4 Pa.

Exigences RE2020

La RE2020 maintient les mêmes seuils que la RT2012 :

Maison individuelle : Q4Pa-surf ≤ 0,6 m³/(h.m²)
Logement collectif : Q4Pa-surf ≤ 1,0 m³/(h.m²)

Comparatif avec d'autres standards

Standard	Q4Pa-surf	Commentaire
RT2012/RE2020	0,6	Exigence réglementaire France
BBC Effinergie	0,6	Identique à la réglementation
Passivhaus	~0,16	Très exigeant
Maison ancienne typique	2,0 – 4,0	3 à 7 fois plus de fuites

Une maison conforme RT2012 est donc environ 5 fois plus étanche qu'une maison ancienne non rénovée.

Comprendre les résultats

Q4Pa-surf < 0,4** : Excellent résultat, construction très soignée
**Q4Pa-surf 0,4 – 0,6** : Conforme, bon niveau d'étanchéité
**Q4Pa-surf 0,6 – 0,8** : Limite ou légèrement non conforme, corrections mineures nécessaires
**Q4Pa-surf > 0,8 : Non conforme, fuites importantes à traiter

Préparer le test pour le réussir

Les points critiques d'étanchéité

Les fuites se concentrent généralement aux mêmes endroits. Voici les points à surveiller particulièrement pendant le chantier :

Menuiseries (40% des fuites)

Jonction dormant/mur : mousse + membrane
Seuils de porte : joint compressible
Fermetures : réglage des crémones

Traversées de parois (25% des fuites)

Gaines électriques : boîtiers étanches
Canalisations : manchons ou mousse
Conduits VMC : colliers et joints

Liaisons structurelles (20% des fuites)

Jonction mur/plancher : film ou mastic
Jonction mur/toiture : membrane continue
Coffres de volets roulants : isolation intérieure

Éléments techniques (15% des fuites)

Trappe des combles : joint périphérique
Boîtiers électriques : modèles étanches à l'air
Spots encastrés : capots étanches

Le bon timing pour le test

Le test doit être réalisé à un stade précis du chantier :

Trop tôt : les menuiseries ne sont pas posées ou pas réglées, les gaines ne sont pas raccordées. Le test sera faussé.

Trop tard : les plafonds et doublages sont fermés, impossible de corriger les fuites sans tout défaire.

Le bon moment :

Menuiseries posées et réglées
Gaines VMC raccordées et étanchéifiées
Placo posé mais pas forcément jointé
Avant les finitions (peinture, sols)

Cette phase correspond généralement à 80-85% d'avancement du chantier.

Coordination avec les entreprises

Transmettez les exigences d'étanchéité à tous les corps de métier :

Maçon : traitement des réservations
Menuisier : qualité de la pose
Électricien : boîtiers étanches, rebouchage des saignées
Plombier : manchons aux traversées
Plaquiste : liaison placo/menuiseries

Un cahier des charges étanchéité peut être annexé aux marchés de travaux.

Que faire si le test échoue ?

Identifier les fuites

Si le Q4Pa-surf dépasse la valeur réglementaire, l'opérateur peut (moyennant un supplément) rechercher les fuites :

Recherche à la main : passage de la main le long des parois pour sentir les flux d'air
Fumigène : visualisation des mouvements d'air par la fumée
Anémomètre : mesure locale de la vitesse d'air
Caméra thermique : détection des zones froides (infiltrations)

L'opérateur consigne les fuites identifiées avec photos et localisation.

Corriger les défauts

Les corrections les plus fréquentes :

Défaut	Correction	Coût indicatif
Joint menuiserie défaillant	Reprise au mastic	50-100 €
Boîtier électrique non étanche	Remplacement	20-50 €/boîtier
Gaine non étanchée	Mousse + manchon	30-80 €
Trappe combles sans joint	Pose joint périphérique	50-100 €
Seuil de porte non étanche	Joint brosse + mastic	80-150 €

Retest

Après corrections, un second test est nécessaire. Comptez :

Délai : 1 à 2 semaines (temps des corrections + disponibilité opérateur)
Coût : 50% à 70% du test initial (150 € à 300 €)

Si le second test échoue encore, le processus se répète. Certains chantiers nécessitent 3 ou 4 tests avant d'atteindre la conformité.

Impact sur le planning

Un échec au test d'infiltrométrie retarde l'achèvement du projet :

Corrections : 1 à 3 semaines selon l'ampleur
Retest : 1 à 2 semaines (délai de prise de rdv)
Attestation : 1 à 2 semaines supplémentaires

Le délai d'instruction du permis étant de 2 mois et la durée de validité du permis de 3 ans, un retard de quelques semaines n'impacte généralement pas l'autorisation. Mais cela peut décaler votre emménagement ou la revente du bien.

Coût et choix de l'opérateur

Tarifs moyens

Prestation	Fourchette de prix
Test infiltrométrie maison individuelle	300 € – 600 €
Test immeuble collectif (par logement)	150 € – 300 €
Recherche de fuites (option)	100 € – 200 €
Retest après corrections	150 € – 300 €

Les tarifs varient selon la région, la taille du bâtiment et l'accessibilité du chantier.

Choisir un opérateur qualifié

L'opérateur doit obligatoirement être certifié par un organisme accrédité COFRAC. Deux certifications principales existent :

Qualibat 8711 : qualification pour la mesure de perméabilité à l'air
Certification opérateur COFRAC : accréditation individuelle

Vérifiez la validité de la certification avant de signer. Un test réalisé par un opérateur non certifié ne sera pas reconnu pour l'attestation DAACT thermique.

Où trouver un opérateur ?

Annuaire du site rt-batiment.fr (officiel)
Annuaire Qualibat
Recommandation du bureau d'études thermiques
Recommandation du constructeur ou de l'architecte

Demandez plusieurs devis et vérifiez les délais de disponibilité. En période de forte activité (printemps-été), les délais peuvent atteindre 3 à 4 semaines.

Questions fréquentes

Le test d’infiltrométrie est-il obligatoire pour une extension ?

Non, pour la plupart des extensions. Le test n'est obligatoire que si l'extension dépasse 50 m² ET représente plus de 30% de la surface existante (depuis janvier 2023, sous RE2020). Une extension de 35 m² sur une maison de 100 m² ne nécessite pas de test. Elle relève de la RT2012 élément par élément avec des exigences simplifiées, sans test d'étanchéité obligatoire.

Peut-on faire le test soi-même ?

Non, le test réglementaire doit obligatoirement être réalisé par un opérateur certifié (Qualibat 8711 ou accréditation COFRAC). Un test réalisé par un non-professionnel, même avec le bon matériel, n'est pas recevable pour l'attestation DAACT. En revanche, vous pouvez réaliser des tests indicatifs en cours de chantier pour anticiper les problèmes, mais ils n'auront pas de valeur officielle.

Que faire si l’opérateur détecte des fuites importantes ?

Si le test révèle une non-conformité, demandez à l'opérateur d'identifier les principales sources de fuites (prestation souvent en option). Transmettez ces informations aux entreprises concernées pour qu'elles effectuent les corrections : reprise des joints de menuiseries, étanchéification des traversées de gaines, pose de boîtiers électriques étanches. Après corrections, programmez un retest. Les entreprises responsables des défauts doivent généralement prendre en charge les reprises dans le cadre de leur marché.

Le test endommage-t-il le bâtiment ?

Non, le test d'infiltrométrie est totalement non destructif. La différence de pression créée (4 à 70 Pa maximum) est très faible, équivalente à un vent de 20-30 km/h. Le dispositif s'installe dans l'encadrement d'une porte sans percement ni fixation permanente. Après le test, tout est retiré et le bâtiment retrouve son état initial. Seule la membrane du cadre souple peut laisser des marques temporaires sur le dormant, qui disparaissent rapidement.

Combien de temps dure un test d’infiltrométrie ?

Pour une maison individuelle, comptez 2 à 3 heures au total : 30 à 45 minutes d'installation, 45 minutes à 1 heure de mesures (dépression + surpression), 30 minutes de désinstallation et échanges. Si l'opérateur effectue une recherche de fuites, ajoutez 30 minutes à 1 heure. Le rapport est généralement envoyé sous 48 heures à une semaine selon les opérateurs.

Puis-je contester les résultats d’un test d’infiltrométrie ?

Les résultats d'un opérateur certifié sont présumés fiables. Si vous contestez le résultat, vous pouvez demander un contre-test par un autre opérateur certifié, à vos frais. Les écarts entre opérateurs sont généralement faibles (moins de 10%). Si l'écart est important, vérifiez que les conditions de test étaient identiques (ouvertures fermées, même configuration). En cas de litige persistant, vous pouvez saisir l'organisme certificateur de l'opérateur.

Le test est-il valable si je modifie ensuite le bâtiment ?

Le test est associé à un état du bâtiment à un instant T. Si vous effectuez des modifications ultérieures (création d'ouvertures, percement de parois, ajout de gaines), l'étanchéité peut être affectée. Pour l'attestation DAACT initiale, seul le test réalisé avant finitions compte. Pour des travaux ultérieurs importants nécessitant un nouveau permis, un nouveau test pourrait être exigé selon la nature des travaux et la réglementation applicable.

Conclusion

Le test d'infiltrométrie est une étape incontournable pour toute construction neuve soumise à la RT2012 ou à la RE2020. En mesurant objectivement l'étanchéité à l'air de votre maison, il garantit que les performances énergétiques prévues par l'étude thermique seront bien atteintes en pratique.

Pour réussir ce test du premier coup :

Sensibilisez tous les corps de métier aux exigences d'étanchéité dès le début du chantier
Soignez particulièrement les menuiseries, les traversées de parois et les liaisons structurelles
Programmez le test au bon moment : menuiseries posées, gaines raccordées, mais avant les finitions

Le coût du test (300 € à 600 €) est dérisoire comparé au coût d'un échec : semaines de retard, reprises par les entreprises, stress et surcoûts.

Pour la constitution de votre dossier de permis de construire, n'oubliez pas les autres attestations obligatoires : PCMI14 pour la réglementation thermique, PCMI13 pour les zones sismiques.

Une fois le test réussi et l'attestation thermique en main, vous pourrez déposer sereinement votre DAACT et profiter d'une maison performante et confortable.

Sources : Code de la construction et de l'habitation, Norme NF EN ISO 9972, Arrêté du 26 octobre 2010, Décret n°2021-1004, Qualibat