Zones Constructibles du PLU : U, AU et leurs Spécificités
Zones Constructibles du PLU : Identifier et Comprendre son Terrain
Temps de lecture : 15 minutes
Votre terrain est-il constructible ? La réponse dépend entièrement du zonage défini par le Plan Local d'Urbanisme de votre commune. Quatre grandes zones existent : U (urbaine), AU (à urbaniser), A (agricole) et N (naturelle). Seules les deux premières sont véritablement constructibles, et encore, avec des règles très différentes selon les secteurs. Consulter le PLU avant d'acheter un terrain ou de déposer un permis est indispensable. Un terrain en zone 2AU peut sembler constructible sur le papier mais être bloqué pour 10 ans. Un terrain en zone UA autorise une densité importante mais impose des contraintes architecturales strictes. Voici comment décrypter le zonage de votre terrain.
Sommaire
- Le zonage du PLU : les 4 grandes zones
- La zone U : le cœur constructible
- La zone AU : l'urbanisation future
- Les zones non constructibles (A et N)
- Comment consulter le PLU de sa commune
- Les règles applicables par zone
- Erreurs à éviter
- Questions fréquentes
- Conclusion
Le zonage du PLU : les 4 grandes zones
Structure du Plan Local d'Urbanisme
Le Plan Local d'Urbanisme (ou PLUi pour le plan local d'urbanisme intercommunal) est le document d'urbanisme qui fixe les règles de construction à l'échelle de la commune. Il comprend plusieurs éléments :
- Le rapport de présentation : diagnostic territorial
- Le PADD : Projet d'Aménagement et de Développement Durables
- Le règlement : règles écrites par zone
- Le plan de zonage : carte délimitant les zones
- Les annexes : servitudes, réseaux, risques
Le plan de zonage est la pièce clé pour savoir ce que vous pouvez construire. Il divise le territoire en quatre types de zones, codifiées par des lettres.
Les quatre grandes zones
| Zone | Nom | Constructibilité | Caractéristiques |
|---|---|---|---|
| U | Urbaine | Oui | Équipements existants suffisants |
| AU | À urbaniser | Conditionnelle | Urbanisation future prévue |
| A | Agricole | Très limitée | Protection des terres agricoles |
| N | Naturelle | Quasi nulle | Protection environnementale |
Chaque zone principale se décline en sous-zones (UA, UB, UC pour la zone U ; 1AU, 2AU pour la zone AU, etc.) avec des règles spécifiques.
L'articulation avec le SCoT
Le SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) est un document d'urbanisme à l'échelle intercommunale (bassin de vie). Les PLU doivent être compatibles avec le SCoT. En l'absence de SCoT, une règle de « constructibilité limitée » s'applique : les zones AU ne peuvent pas être ouvertes à l'urbanisation.
La zone U : le cœur constructible
Définition de la zone urbaine
La zone U correspond aux secteurs déjà urbanisés où les équipements publics (voirie, eau, électricité, assainissement) existent et ont une capacité suffisante pour accueillir de nouvelles constructions.
C'est la zone la plus constructible. Un terrain situé en zone U peut généralement recevoir une construction neuve, sous réserve de respecter les règles du PLU.
Les sous-zones courantes
Zone UA (centre ancien)
- Cœur historique de la commune
- Construction souvent en limite de propriété
- Hauteur importante autorisée
- Règles architecturales strictes (matériaux, couleurs)
- Stationnement réduit ou mutualisé
Zone UB (résidentiel dense)
- Secteurs d'habitat collectif ou pavillonnaire dense
- Retrait obligatoire par rapport aux limites
- Hauteur moyenne (R+2 à R+3)
- Coefficient d'emprise au sol (CES) modéré
Zone UC (résidentiel moins dense)
- Habitat pavillonnaire
- Retrait important par rapport aux limites
- Hauteur limitée (R+1 généralement)
- CES faible, grands jardins
Zone UD, UE, etc.
- Zones spécifiques selon les communes
- Activités économiques, équipements, habitat particulier
Avantages de la zone U
- Constructibilité immédiate : pas de procédure d'aménagement préalable
- Équipements garantis : réseaux existants
- Seuil DP élargi : jusqu'à 40 m² en déclaration préalable (au lieu de 20 m²)
- Valorisation foncière : terrain déjà viabilisé
Les règles de construction en zone U
Chaque sous-zone possède son règlement propre, organisé en articles :
- Article 1 : Occupations interdites
- Article 2 : Occupations soumises à conditions
- Article 3 : Conditions d'accès
- Article 4 : Desserte par les réseaux
- Article 5 : (supprimé – ancien article sur la superficie minimale)
- Article 6 : Implantation par rapport aux voies
- Article 7 : Implantation par rapport aux limites séparatives
- Article 8 : Implantation des constructions les unes par rapport aux autres
- Article 9 : Emprise au sol
- Article 10 : Hauteur maximale
- Article 11 : Aspect extérieur
- Article 12 : Stationnement
- Article 13 : Espaces libres et plantations
La zone AU : l'urbanisation future
Définition de la zone à urbaniser
La zone AU correspond aux secteurs naturels destinés à être ouverts à l'urbanisation. Elle se divise en deux catégories très différentes :
Zone 1AU (ouverte)
- L'urbanisation est possible immédiatement
- Les équipements périphériques (voirie, réseaux) existent en limite de zone
- Construction autorisée si les travaux respectent les OAP
Zone 2AU (fermée)
- L'urbanisation est différée
- Nécessite une modification ou révision du PLU pour devenir constructible
- Aucune construction possible en l'état actuel
Les OAP : clé de l'urbanisation
Les Orientations d'Aménagement et de Programmation (OAP) définissent les conditions d'aménagement des zones AU. Elles précisent :
- Les accès et voiries à créer
- La densité attendue
- Les espaces publics à aménager
- Les formes urbaines souhaitées
Un projet en zone 1AU doit être compatible avec les OAP. Un permis non conforme sera refusé.
Différences 1AU vs 2AU
| Critère | Zone 1AU | Zone 2AU |
|---|---|---|
| Constructibilité | Immédiate | Différée |
| Équipements | En périphérie | À créer |
| Procédure | Permis direct si OAP respectées | Révision/modification PLU |
| Délai | Quelques mois | Plusieurs années |
| Risque | Modéré | Élevé (incertitude) |
Attention aux terrains en zone 2AU
Acheter un terrain en zone 2AU est un pari risqué :
- Aucune garantie de passage en zone constructible
- Délai imprévisible (5, 10, 15 ans…)
- Prix souvent surévalué par rapport au risque
- Évolution possible vers zone A ou N
Avant d'acheter, renseignez-vous sur le calendrier d'urbanisation prévu par la commune.
Les zones non constructibles (A et N)
La zone A (agricole)
La zone agricole protège les terres à fort potentiel agronomique. La constructibilité est très limitée :
Constructions autorisées :
- Bâtiments agricoles liés à l'exploitation
- Logement de l'exploitant (sous conditions strictes)
- Équipements publics d'intérêt général
- Extensions limitées de l'existant (selon PLU)
Constructions interdites :
- Maisons d'habitation pour non-agriculteurs
- Commerces, bureaux, industries
- Lotissements
L'obtention d'un permis en zone A nécessite généralement de prouver le lien avec l'activité agricole (MSA, revenus agricoles).
La zone N (naturelle)
La zone naturelle protège les espaces naturels et forestiers. C'est la zone la moins constructible :
Possibilités très limitées :
- Extensions mesurées des constructions existantes
- Annexes de taille réduite
- Équipements publics légers
- Aménagements dans les STECAL (Secteurs de Taille et Capacité d'Accueil Limitées)
STECAL : le PLU peut délimiter des micro-zones au sein de la zone N autorisant des constructions encadrées (gîtes ruraux, équipements de loisirs).
Tableau récapitulatif des zones
| Type de projet | Zone U | Zone 1AU | Zone 2AU | Zone A | Zone N |
|---|---|---|---|---|---|
| Maison individuelle | Oui | Oui (OAP) | Non | Non* | Non |
| Extension < 40 m² | Oui (DP) | Oui | Non | Limitée | Limitée |
| Piscine | Oui | Oui | Non | Non | Non |
| Garage | Oui | Oui | Non | Lié exploitation | Annexe limitée |
| Commerce | Selon sous-zone | Selon OAP | Non | Non | Non |
*Sauf logement de fonction agricole
Comment consulter le PLU de sa commune
Consultation en ligne
La plupart des PLU sont désormais consultables en ligne :
-
Géoportail de l'urbanisme (geoportail-urbanisme.gouv.fr)
- Base nationale officielle
- Zonage interactif
- Règlement téléchargeable
-
Site de la commune ou intercommunalité
- Rubrique « Urbanisme » ou « PLU »
- PDF du règlement et des plans
-
Services de visualisation
- Google « PLU + nom de la commune »
- Sites privés agrégateurs
Consultation en mairie
Si le PLU n'est pas en ligne ou si vous avez des questions :
- Prenez rendez-vous au service urbanisme
- Apportez l'adresse ou les références cadastrales du terrain
- Demandez une note de renseignements d'urbanisme (gratuite)
Le certificat d'urbanisme
Pour une réponse officielle et opposable, demandez un certificat d'urbanisme :
CUa (informatif) :
- Règles applicables au terrain
- Servitudes
- Taxes
- Délai : 1 mois
CUb (opérationnel) :
- Indique si le projet envisagé est réalisable
- Précise l'état des réseaux
- Fige les règles pendant 18 mois
- Délai : 2 mois
Le CUb est particulièrement utile avant l'achat d'un terrain.
Lire le plan de zonage
Sur le plan de zonage :
- Identifiez votre parcelle (numéro cadastral)
- Repérez la zone (lettre + indice : UA, UB, 1AU…)
- Vérifiez les éventuels périmètres superposés (ABF, risques, servitudes)
- Consultez le règlement de la zone concernée
Les règles applicables par zone
Règles communes à toutes les zones U
En zone urbaine, certaines règles sont récurrentes :
Seuils d'autorisation :
- Moins de 5 m² : pas d'autorisation (sauf secteur protégé)
- 5 à 40 m² : déclaration préalable
- Plus de 40 m² : permis de construire
- Total > 150 m² : architecte obligatoire
Implantation :
- Recul par rapport à la voie : généralement 0 à 5 m
- Recul par rapport aux limites : 0 (en limite) ou H/2 (retrait)
- Entre constructions sur le terrain : 4 m minimum
Hauteur :
- Mesurée à l'égout de toiture ou au faîtage
- Variable selon les zones (6 m à 15 m)
Le cas des secteurs protégés
En périmètre ABF (500 m autour d'un monument historique), des règles supplémentaires s'appliquent :
- Avis de l'Architecte des Bâtiments de France
- Délai d'instruction majoré (+1 mois)
- Prescriptions architecturales possibles
Secteurs soumis à risques
Les zones de risques (inondation, mouvement de terrain, sismique) ajoutent des contraintes :
- Attestation PCMI13 obligatoire (zones sismiques 3-4-5)
- Étude de sol obligatoire (zones argileuses)
- Prescriptions constructives spécifiques
Conséquences sur les projets courants
Extension de maison :
- En zone U : DP jusqu'à 40 m², PC au-delà
- En zone AU : PC généralement requis
- Plan de masse obligatoire dans tous les cas
Piscine :
- Déclaration préalable entre 10 et 100 m²
- Permis au-delà de 100 m² ou avec abri > 1,80 m
Terrasse et pergola :
Isolation extérieure :
- Déclaration préalable pour ITE
- Attention à l'emprise au sol créée (débord sur domaine public)
Erreurs à éviter
Erreur 1 : Se fier uniquement au cadastre
Le cadastre indique la propriété, pas la constructibilité. Un terrain peut être cadastré sans être constructible (zone A ou N). Seul le PLU fait foi pour le zonage.
Erreur 2 : Confondre 1AU et 2AU
Un terrain en zone 1AU est constructible sous conditions. Un terrain en zone 2AU ne l'est pas. La différence est fondamentale lors d'un achat. Vérifiez le numéro de la zone AU et les OAP associées.
Erreur 3 : Ignorer les sous-zones
Les règles varient fortement entre UA, UB, UC. Une maison de plain-pied autorisée en UC peut être refusée en UA (hauteur minimale imposée). Lisez le règlement de votre sous-zone spécifique.
Erreur 4 : Oublier les périmètres superposés
Un terrain en zone U peut être :
- En périmètre ABF (monument historique)
- En zone inondable (PPRi)
- En zone de bruit (aéroport)
- En zone sismique
Ces périmètres ajoutent des contraintes au-delà du simple zonage.
Erreur 5 : Ne pas vérifier la viabilisation
Être en zone U ne garantit pas que les réseaux arrivent jusqu'à votre terrain. L'article L111-11 du Code de l'urbanisme permet de refuser un permis si les équipements sont insuffisants. Vérifiez les branchements disponibles.
Questions fréquentes
Quels seuils CBS minimums selon les zones PLU ?
Le CBS (Coefficient de Biotope par Surface) impose un minimum d'espaces « verts » ou perméables par rapport à la surface du terrain. Les seuils varient selon les PLU : généralement 20-30 % en zone UA (centre), 40-50 % en zone UB, 60 % et plus en zone UC. Certains PLU récents imposent jusqu'à 70 % de CBS en zone pavillonnaire pour lutter contre l'imperméabilisation des sols. Consultez l'article 13 du règlement de votre zone.
Zone U du PLU : que peut-on construire ?
En zone U (urbaine), vous pouvez généralement construire une maison individuelle, un immeuble collectif, des commerces, des bureaux, selon les sous-zones. Les constructions agricoles sont interdites. Le règlement précise pour chaque sous-zone (UA, UB, UC…) les occupations autorisées et interdites. En zone UA, le commerce de rez-de-chaussée est souvent obligatoire. En zone UC, l'habitat pavillonnaire est privilégié. Consultez les articles 1 et 2 de votre zone.
Comment savoir si mon terrain est en zone ABF ?
Pour savoir si votre terrain est en périmètre de protection des monuments historiques (zone ABF), consultez l'Atlas des patrimoines (atlas.patrimoines.culture.fr). Entrez votre adresse et visualisez les périmètres de 500 m autour des monuments classés ou inscrits. Le PLU mentionne également ces périmètres dans ses annexes (servitudes d'utilité publique AC1). En zone ABF, l'avis de l'Architecte des Bâtiments de France est requis pour toute autorisation d'urbanisme.
Peut-on construire en zone RNU ?
En zone RNU (communes sans PLU), la constructibilité est très limitée. La règle de « constructibilité limitée » (article L111-3) interdit les constructions en dehors des parties actuellement urbanisées (PAU). Une maison ne peut être construite que dans le prolongement direct du bourg existant. La décision revient au préfet. Le seuil de DP est de 20 m² (pas de majoration à 40 m² comme en zone U). Consultez la mairie pour connaître le périmètre des PAU.
Quel délai d’instruction en zone ABF ?
En périmètre ABF, les délais d'instruction sont majorés d'un mois : 2 mois pour une déclaration préalable (au lieu de 1 mois), 3 mois pour un permis de construire maison individuelle (au lieu de 2 mois), 4 mois pour les autres permis. L'ABF dispose de 2 mois pour donner son avis. En cas de désaccord entre la mairie et l'ABF, un recours auprès du préfet de région est possible. L'avis de l'ABF peut être conforme (contraignant) ou simple selon les zones.
Attestation PCMI13 obligatoire dans quelles zones ?
L'attestation PCMI13 (respect des règles parasismiques) est obligatoire pour les constructions neuves et les extensions importantes dans les zones sismiques 3, 4 et 5 (risque modéré à fort). Les zones 1 et 2 (très faible et faible) n'imposent pas cette attestation pour les maisons individuelles. Consultez la carte des zones sismiques sur georisques.gouv.fr. L'attestation est établie par un contrôleur technique ou l'architecte et doit être jointe au dossier de permis de construire.
Mon terrain peut-il passer de zone A à zone U ?
C'est possible mais rare et long. Le passage d'une zone A (agricole) à une zone U (urbaine) nécessite une révision du PLU, procédure lourde (2 à 4 ans) soumise à enquête publique. La commune doit justifier ce choix au regard du PADD et du SCoT. Les zones agricoles sont protégées par la loi (réduction de l'artificialisation). En pratique, un passage en AU est parfois accordé, mais pas directement en U. Renseignez-vous sur les projets d'évolution du PLU auprès de la mairie.
Conclusion
Le zonage du PLU détermine ce que vous pouvez construire sur votre terrain :
Zones constructibles :
- Zone U : construction immédiate, équipements existants, seuil DP à 40 m²
- Zone 1AU : construction possible si OAP respectées
Zones non constructibles :
- Zone 2AU : urbanisation différée, attendre modification PLU
- Zone A : réservée à l'agriculture
- Zone N : protection de la nature
Avant tout projet, consultez le PLU en ligne sur le Géoportail de l'urbanisme ou en mairie. Pour une réponse officielle, demandez un certificat d'urbanisme opérationnel (CUb).
Les règles du PLU s'appliquent à tous les projets : extension, piscine, terrasse. La durée de validité du permis obtenu est de 3 ans, prorogeable deux fois un an.
En cas de refus, vous disposez de voies de recours : recours gracieux auprès du maire, puis recours contentieux devant le tribunal administratif. Mais mieux vaut vérifier la constructibilité en amont pour éviter ces déconvenues.
Sources : Code de l'urbanisme (articles L151-1 et suivants, R151-17 et suivants), Legifrance, Service-public.fr, Géoportail de l'urbanisme
