Piscine Intérieure : Permis de Construire ou Déclaration Préalable ?
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Construire une piscine intérieure est un projet d'envergure. Contrairement à une piscine enterrée classique dans le jardin, la piscine intérieure implique la création d'un bâtiment fermé et couvert, ce qui change radicalement la donne sur le plan administratif. Plus question de simple déclaration piscine : c'est souvent un permis de construire qui s'impose, avec toutes les contraintes associées. Surface de plancher créée, hauteur sous plafond, impact sur le seuil des 150 m² déclenchant l'architecte obligatoire… Les pièges sont nombreux. Sans compter les règles thermiques et acoustiques propres à ce type d'équipement. Cet article fait le point sur les autorisations nécessaires pour construire une piscine couverte intégrée à votre habitation.
Sommaire
- Qu'est-ce qu'une piscine intérieure ?
- Quelle autorisation pour une piscine intérieure ?
- Les contraintes techniques spécifiques
- Procédure de demande d'autorisation
- Cas pratiques et exemples
- Erreurs à éviter
- Questions fréquentes
- Conclusion
Qu'est-ce qu'une piscine intérieure ?
Une piscine intérieure est un bassin de natation situé à l'intérieur d'un bâtiment clos et couvert. Elle se distingue des autres types de piscines par son intégration architecturale complète.
Les différents types de piscines couvertes
Piscine intérieure dans un bâtiment existant : Le bassin est créé dans une pièce de la maison (sous-sol, dépendance transformée). Implique souvent des travaux de restructuration importants.
Piscine intérieure dans une extension : Un volume spécifique est construit pour accueillir le bassin. C'est la configuration la plus courante pour les projets neufs.
Piscine avec abri haut fixe : À mi-chemin entre la piscine extérieure et intérieure. L'abri de piscine de plus de 1,80 m de haut transforme techniquement la piscine en espace intérieur.
Ce que dit le Code de l'urbanisme
Pour une piscine intérieure, deux éléments sont à prendre en compte :
-
Le bassin lui-même : Comme pour toute piscine enterrée ou piscine creusée, les seuils de 10 m² et 100 m² s'appliquent.
-
Le bâtiment qui l'abrite : Un local clos et couvert crée de la surface de plancher. Cette surface s'ajoute à celle de la maison existante.
C'est cette combinaison qui rend la piscine intérieure plus complexe qu'une simple construction de piscine en extérieur.
Quelle autorisation pour une piscine intérieure ?
Le bassin : règles classiques des piscines
La surface du bassin détermine un premier niveau d'autorisation :
| Surface du bassin | Autorisation bassin |
|---|---|
| < 10 m² | Aucune formalité |
| 10 à 100 m² | Déclaration préalable |
| > 100 m² | Permis de construire |
Pour calculer correctement cette surface, consultez notre article sur le calcul de la superficie d'une piscine.
Le bâtiment : règles des constructions
Le local qui abrite la piscine crée de la surface de plancher. Les seuils classiques s'appliquent :
| Surface du local | Autorisation bâtiment |
|---|---|
| < 5 m² | Aucune formalité |
| 5 à 20 m² | Déclaration préalable |
| 20 à 40 m² (zone U) | Déclaration préalable |
| > 20 m² (hors zone U) | Permis de construire |
| > 40 m² (zone U) | Permis de construire |
En pratique : le permis s'impose presque toujours
Une piscine intérieure type fait 8 x 4 m (32 m² de bassin) dans un local de 60 m² (avec plages, local technique, vestiaire). Résultat :
- Bassin 32 m² : déclaration préalable suffirait pour le bassin seul
- Local 60 m² : permis de construire obligatoire (> 40 m² même en zone U)
Conclusion : C'est l'autorisation la plus contraignante qui s'applique. Pour une piscine intérieure, le permis piscine est quasi systématique.
Impact sur le seuil des 150 m²
La surface de plancher du local piscine s'ajoute à celle de la maison existante. Si le total dépasse 150 m², l'architecte devient obligatoire.
Exemple : Maison de 130 m² + local piscine de 50 m² = 180 m² total → architecte obligatoire.
Comme pour une extension de 20 m² ou plus, cette règle peut avoir un impact significatif sur le budget et la complexité du projet.
Les contraintes techniques spécifiques
Hygrométrie et ventilation
Une piscine intérieure génère une humidité considérable. Sans traitement adapté, les dégâts sont inévitables : moisissures, dégradation des structures, condensation destructrice. Le local doit être équipé d'un déshumidificateur performant et d'une ventilation mécanique contrôlée (VMC) spécifique.
Budget à prévoir : 5 000 à 15 000 € pour le système de traitement de l'air.
Isolation thermique
Un local piscine chauffé doit respecter la réglementation thermique. L'enveloppe du bâtiment (murs, toiture, vitrage) doit être fortement isolée pour limiter les déperditions. La RT2012 ou RE2020 s'applique selon la date du projet.
Les travaux d'isolation extérieure sont souvent privilégiés pour ce type de construction.
Structure et fondations
Le poids d'une piscine remplie est considérable : une piscine de 50 m³ représente 50 tonnes d'eau. Les fondations et la dalle doivent être dimensionnées en conséquence, surtout si le bassin est au-dessus du niveau du sol.
Local technique piscine
Contrairement à une piscine extérieure où le local technique peut être enterré dans le jardin, celui d'une piscine intérieure est généralement intégré au bâtiment. Sa surface (10 à 15 m² minimum) s'ajoute à la surface de plancher créée.
Distances aux limites séparatives
Le bâtiment abritant la piscine doit respecter les règles d'implantation du PLU :
- Retrait minimum par rapport aux limites (souvent 3 m ou H/2)
- Hauteur maximale autorisée dans la zone
- Emprise au sol maximale
Le plan de masse devra faire figurer les cotations obligatoires démontrant le respect de ces règles.
Procédure de demande d'autorisation
Étape 1 : Définir précisément le projet
Avant toute démarche, établissez les caractéristiques de votre piscine intérieure :
- Dimensions du bassin (longueur, largeur, profondeur)
- Surface du local (bassin + plages + local technique + vestiaire)
- Hauteur du bâtiment
- Mode constructif (extension, bâtiment indépendant, transformation)
Étape 2 : Vérifier le PLU
Consultez le règlement de zone applicable à votre parcelle :
- Emprise au sol maximale restante
- Hauteur autorisée
- Retrait aux limites
- Aspect extérieur imposé
Étape 3 : Constituer le dossier
Pour un permis de construire, préparez :
| Pièce | Description |
|---|---|
| PCMI1 | Plan de situation |
| PCMI2 | Plan de masse coté |
| PCMI3 | Plan de coupe terrain/construction |
| PCMI4 | Notice descriptive |
| PCMI5 | Plan des façades et toitures |
| PCMI6 | Document graphique d'insertion |
| PCMI7-8 | Photographies |
La différence entre plan de masse et plan de situation est importante : ne confondez pas ces deux pièces.
Étape 4 : Déposer le dossier
Le dépôt du dossier se fait en mairie :
- 4 exemplaires minimum (+ 1 par service consulté)
- En ligne possible via la téléprocédure
Le pétitionnaire (vous ou votre mandataire) reçoit un récépissé avec le numéro de dossier.
Étape 5 : Instruction et décision
Délai d'instruction :
- 2 mois pour un PC maison individuelle
- 3 mois si consultation de services (ABF, pompiers…)
À l'issue, vous recevez soit un arrêté d'autorisation, soit un refus motivé.
Cas pratiques et exemples
Exemple 1 : Piscine intérieure dans une extension neuve
Projet : Extension de 65 m² pour accueillir une piscine de 8 x 4 m (32 m²). Maison existante de 140 m².
Analyse :
- Surface bassin (32 m²) : DP suffirait seule
- Surface local (65 m²) : PC obligatoire (> 40 m²)
- Total après travaux : 140 + 65 = 205 m² → architecte obligatoire
Autorisation : Permis de construire signé par un architecte
Délai : 2 à 3 mois d'instruction
Budget construction : 80 000 à 150 000 € (hors bassin)
Budget bassin : 25 000 à 50 000 € (piscine béton ou piscine coque)
Exemple 2 : Transformation d'un garage en piscine
Projet : Création d'une piscine de 6 x 3 m (18 m²) dans un garage existant de 35 m². Maison de 110 m².
Analyse :
- Le garage existe déjà, pas de surface créée (changement de destination)
- Surface bassin (18 m²) : DP suffit
- Mais modification de façade (remplacement porte par vitrage) : DP nécessaire
- Total surface de plancher après : 110 + 35 = 145 m² (le garage devient habitable) → pas d'architecte
Autorisation : Déclaration préalable (changement de destination + modification façade)
Formulaire : CERFA 13703 (devenu 16702)
Délai : 1 mois
Exemple 3 : Piscine sous abri haut permanent
Projet : Piscine extérieure de 50 m² avec abri fixe de 2,50 m de haut. Terrain en zone ABF.
Analyse :
- Abri > 1,80 m : crée de la surface de plancher
- Surface créée : 50 m² → PC obligatoire (> 40 m²)
- Zone ABF : avis conforme de l'Architecte des Bâtiments de France
Autorisation : Permis de construire avec consultation ABF
Délai : 3 mois (2 mois + 1 mois ABF)
Risque : Refus ABF si l'abri dénature le site
Pour les alternatives, consultez notre article sur les piscines couvertes et permis de construire.
Erreurs à éviter
1. Croire qu'une piscine intérieure n'est qu'une piscine
Le bassin ne représente qu'une partie du projet. C'est le bâtiment qui l'entoure qui génère les obligations les plus contraignantes. Ne vous focalisez pas uniquement sur la superficie du bassin.
2. Oublier l'impact sur le seuil des 150 m²
Beaucoup de propriétaires sont surpris de devoir recourir à un architecte. Faites le calcul complet avant de lancer le projet : existant + projet = total. Au-delà de 150 m², l'architecte est incontournable.
3. Sous-estimer les contraintes techniques
Une piscine intérieure mal ventilée détruit le bâtiment en quelques années. Prévoyez le budget déshumidification/ventilation dès le départ, pas en option.
4. Construire une piscine sans permis
Une piscine non déclarée expose à des sanctions lourdes : jusqu'à 6 000 € par m² d'amende. La prescription est de 6 ans, mais un voisin peut agir pendant 10 ans. Pour régulariser une piscine non déclarée, la procédure est souvent complexe.
5. Ignorer les règles du PLU
Le PLU peut interdire les piscines dans certaines zones, limiter l'emprise au sol ou imposer un retrait important. Consultez le règlement avant de dessiner le projet.
Questions fréquentes
Faut-il un permis de construire pour une piscine intérieure ?
Dans la grande majorité des cas, oui. Une piscine intérieure implique la création d'un local clos et couvert dont la surface dépasse généralement 20 m² (seuil du permis de construire). Même si le bassin lui-même fait moins de 100 m² (seuil de la DP pour les piscines), c'est le bâtiment qui déclenche le permis. Seules les très petites piscines dans des locaux de moins de 20 m² pourraient relever de la déclaration préalable.
Une piscine intérieure crée-t-elle de la surface de plancher ?
Le bassin lui-même (le plan d'eau) ne crée pas de surface de plancher. En revanche, le local qui l'entoure (plages, vestiaires, local technique) crée de la surface de plancher s'il est clos et couvert avec une hauteur supérieure à 1,80 m. Cette surface s'ajoute à celle de la maison existante pour déterminer l'obligation de recours à un architecte (seuil de 150 m²).
Quelle hauteur pour un abri de piscine sans autorisation ?
Un abri de piscine de moins de 1,80 m de hauteur ne nécessite pas d'autorisation d'urbanisme, quelle que soit la surface du bassin. Au-delà de 1,80 m de haut, l'abri crée de la surface de plancher et une déclaration préalable est requise (bassin jusqu'à 100 m²), voire un permis de construire au-delà. Les abris télescopiques bas (< 1,80 m) sont donc les plus simples administrativement.
Combien coûte une piscine intérieure ?
Le budget global d'une piscine intérieure va de 100 000 à 300 000 € selon la taille et les finitions. Ce montant comprend : le bassin (25 000 à 80 000 € pour du béton ou de la coque), le bâtiment (1 500 à 2 500 €/m²), le système de déshumidification (5 000 à 15 000 €), le chauffage (5 000 à 10 000 €) et les finitions. Pour un géomètre établissant le plan de masse, comptez 500 à 1 500 € supplémentaires.
Une piscine hors-sol peut-elle être intérieure ?
Oui, techniquement une piscine hors-sol peut être installée dans un local existant. Cependant, le poids de l'eau (1 tonne par m³) impose une vérification de la capacité portante du plancher. Les règles d'urbanisme portent alors sur le bassin (surface) et sur les éventuelles modifications du local (transformation, changement de destination). Si aucune modification n'est apportée au bâtiment, seule la déclaration piscine standard s'applique.
Quel formulaire pour déclarer une piscine intérieure ?
Pour une piscine intérieure nécessitant un permis de construire : CERFA 13406 (maison individuelle) ou 13409 (autre bâtiment). Pour les rares cas relevant de la déclaration préalable : CERFA 16702 ou 16703 (anciennement 13703). Consultez notre article sur le CERFA piscine enterrée et les exemples de plans de masse annotés pour vous aider à constituer votre dossier.
Conclusion
Une piscine intérieure est avant tout un projet immobilier, pas simplement l'installation d'un bassin. Le bâtiment qui l'abrite déclenche généralement un permis de construire, avec potentiellement l'obligation de recourir à un architecte si le seuil des 150 m² est franchi.
Les points clés à retenir :
- Le local crée de la surface de plancher → permis quasi systématique
- Total existant + projet > 150 m² → architecte obligatoire
- Ventilation et déshumidification sont indispensables
- Le PLU peut imposer des contraintes (emprise, retrait, hauteur)
- Budget : 100 000 à 300 000 € tout compris
Avant de lancer ce projet d'envergure, faites établir un avant-projet par un architecte. Il optimisera l'implantation, anticipera les contraintes techniques et sécurisera votre demande d'autorisation.
Sources : Code de l'urbanisme (articles R421-1 à R421-17, R431-2), Legifrance, Service-public.fr
